Olivier Père

Scorpio de Michael Winner

Cross (Burt Lancaster), un agent confirmé de la CIA, a autrefois pris sous son aile Laurier (Alain Delon), une nouvelle recrue, et lui a tout appris au sujet de l’espionnage et des techniques de l’assassinat politique. Ils sont aujourd’hui coéquipiers et le vétéran ressent que ses supérieurs se montrent distants à son égard : il ne se trompe pas. En effet, ils ont chargé son ancien élève de l’éliminer. Cross s’enfuit alors à Vienne pour retrouver un ami travaillant pour les services secrets soviétiques…

Scorpio (1973) est l’un des films importants de Michael Winner, réalisé au début d’une décennie qui verra le cinéaste britannique travailler pour les studios américains et enchaîner plusieurs réussites dans le domaine du thriller, du western ou du fantastique.

Scorpio, réalisé un an après Le Flingueur, reprend l’idée du couple masculin maître et élève, du binôme qui ne représente en fait qu’un seul et même homme à deux âges différents de sa vie (sans oublier le sous texte homosexuel), avec le thème de la trahison et de l’amitié pervertie. Cette fois-ci nous ne sommes plus dans l’univers du film noir mais celui du film d’espionnage, avec sa galerie d’agents infiltrés, tueurs et agents double sur fond de guerre froide. Cet excellent thriller repose sur l’affrontement de deux acteurs racés qui s’étaient déjà rencontrés sur Le Guépard de Visconti : Burt Lancaster et Alain Delon dont le personnage de tueur solitaire surnommé Scorpio renvoie à un autre rôle iconique de l’acteur : Le Samouraï de Jean-Pierre Melville. Au lieu de l’oiseau dans l’appartement vide c’est un chat qui tient lieu de seul compagnon à Laurier alias Scorpio, qui connaîtra le même destin que Jeff Costello. Moins expérimental que Le Flingueur mais faussement conventionnel, Scorpio se hisse ainsi au-dessus de la production commerciale anonyme en multipliant les allusions à la carrière de ses deux stars. Le pessimisme et le nihilisme deviennent la marque de fabrique de Winner, même si c’est dans l’air du temps – la fin des idéologies – et si cela s’applique aussi à des cinéastes plus importants comme Sam Peckinpah ou Sergio Leone.

Disponible en Blu-ray et DVD chez ESC à partir du 28 août.

 

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