Olivier Père

Austin Powers de Jay Roach

Pour clore sur une note humoristique son « Summer of Lovers », ARTE diffuse dimanche 19 août à 22h55 Austin Powers (Austin Powers: International Man of Mystery, 1997) de Jay Roach. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site d’ARTE.sAustin Powers est le premier volet d’une trilogie parodiant avec loufoquerie la série des James Bond. Le succès surprise du film engendra en effet deux suites, toujours sous la houlette de Jay Roach et de son auteur et interprète principal Mike Myers. On peut se contenter du premier opus, qui met en scène les aventures délirantes d’Austin Powers, super agent secret britannique et photographe de mode, cryogénisé dans les années 60 puis remis en service trente ans plus tard afin de stopper les plans diaboliques de son pire ennemi, le docteur Denfer. Mike Myers, comique canadien rendu célèbre pour sa participation à l’émission de télévision américaine Saturday Night Live, connut son heure de gloire au cinéma dans les années 90. Adepte du déguisement et de la création de personnages farfelus (Myers incarne à la fois Austin Powers et sa Némésis Denfer), l’acteur s’était également spécialisé dans un créneau original, la parodie musicalo-sociologique. Wayne’s World (1992) prenait pour cible MTV la culture rock des années 80, tandis que Austin Powers pastiche la mode pop du swingin’ London. Myers nous offre une compilation plus amoureuse qu’irrévérencieuse des musiques et des films de cette époque bénie de libération sexuelle, d’abus de substances psychédéliques et d’extravagance vestimentaire, où « un sex-symbol pouvait avoir les dents pourries ». La bande originale convoque aussi bien les standards de Burt Bacharach, Soul Bossa Nova de Quincy Jones, que l’Easy Listening contemporain (Space), tandis que les références cinématographiques se bousculent : Blow up, la série des James Bond, les films de Peter Sellers,  mais aussi La Dixième Victime d’Elio Petri, avec Ursula Andress et Marcello Mastroianni. Les femmes robots d’Austin Powers, dont les opulentes poitrines dissimulent des canons de mitraillettes sont une citation directe de ce must de la pop italienne. Si la reconstitution « historique » est excellente, le film devient hilarant dans son exaltation du délire érotomaniaque qui marqua la fin des années 60. Austin Powers, fausse toison pectorale et vrais bourrelets, est un redoutable obsédé sexuel, dont le comportement priapique et le vocabulaire outrageusement obscène, inspirés par la présence à ses côtés de la délicieuse Liz Hurley, sont des offenses permanentes aux bonnes mœurs et au puritanisme des années 90. On n’ose imaginer la réception que recevrait Austin Powers débarquant à notre époque, dans un monde chamboulé par l’affaire Harvey Weinstein. Courageux plaidoyer en faveur de l’humour salace, le film applique également de façon scrupuleuse la politique du gag navrant. Un gag navrant est un gag prolongé au-delà de son efficacité burlesque et qui, poussé dans les ultimes retranchements de la durée et de la répétition, place le spectateur dans un état d’hébétude nerveuse ou de crispation hilare. Mike Myers, étonnant histrion, insuffle à cette parodie de parodie une énergie vulgaire qui lui permet d’être plus drôle que son modèle, le très lourdingue Casino Royale (la version de 1967). C’est dans Austin Powers que Will Ferrell fait l’une de ses premières apparitions cinématographiques, impayable dans le rôle de Mustafa, un sicaire débile coiffé d’un fez.

Autin Powers: International Man of Mystery (1997) Directed by Jay Roach Shown: Mike Myers (as Austin Powers)

Mike Myers dans Austin Powers de Jay Roach

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