Olivier Père

Meurtres de Richard Pottier

ARTE diffuse Meurtres (1950) de Richard Pottier lundi 30 juillet à 23h30, en version restaurée.

Un viticulteur accepte d’abréger les souffrances de son épouse bien aimée, atteinte d’un cancer incurable, à la demande de cette dernière. Les membres de sa famille, notables d’Aix-en-Provence, s’organisent pour le faire passer pour fou, par crainte de retombées judiciaires ou médiatiques. Malgré son point de départ, Meurtres n’entend pas lancer un débat moral pour ou contre l’euthanasie. Ce sujet de société est écarté à la faveur d’une satire féroce de la grande bourgeoisie de province. Le dialoguiste Henri Jeanson, qu’on peut désigner comme le véritable auteur du film, s’en donne à cœur joie. Il raille l’hypocrisie, la méchanceté et le conformisme des frères du pauvre veuf, obsédés par leurs intérêts et leurs privilèges. Les mots de Jeanson font mouche. A contre-emploi dans un rôle dramatique, Fernandel se montre très convaincant. La promotion du film insista à l’époque sur le changement de registre de la vedette, célèbre pour ses grimaces et ses talents comiques. C’était oublier un peu vite que dans les années 30, Fernandel avait été aussi génial et bouleversant dans les mélodrames de Marcel Pagnol, Angèle et Regain, adaptés de Jean Giono. Meurtres offre à Jeanne Moreau sa seconde apparition à l’écran, après Dernier Amour de Jean Stelli en 1949. Alors pensionnaire de la Comédie-Française, Jeanne Moreau est âgée de 22 ans et s’est déjà fait remarquer sur les planches. Elle a participé pour la première fois au Festival d’Avignon en 1947. Elle est excellente dans Meurtres en jeune femme intelligente et honnête parmi les canailles. Dans le cinéma classique de Richard Pottier, son jeu et son personnage frappent déjà par leur modernité.

P. S. : Meurtres présente contre toute attente de troublants points communs avec le premier film diffusé en début de soirée, La moutarde me monte au nez. D’abord les deux films se déroulent à Aix-en-Provence, ensuite ils proposent un portrait peu reluisant des personnalités importantes de cette ville. Dans les deux cas il s’agit à un moment du scénario de faire hospitaliser un membre perturbateur d’une famille respectable afin d’étouffer les risques de scandale.

 

Catégories : Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *