Olivier Père

Flagellations de Pete Walker

L’éditeur Artus, spécialisé dans le cinéma bis, propose deux des meilleurs films de Pete Walker pour la première fois en blu-ray en France : Mortelles confessions (House of Mortal Sin, 1976) et Flagellations (House of Whipcord, 1974). Les deux titres s’adressent en priorité aux amateurs de films crapoteux réalisés dans la perfide Albion dans les années 70 (ils sont légions). Mais le cinéma de Pete Walker possède des caractéristiques qui le rendent beaucoup plus intrigant que les films d’exploitations anglais standards.

Flagellations débute par un carton dont l’ironie apparente pourrait se révéler une fausse piste :

« Ce film est dédié à tous ceux que le relâchement actuel des mœurs inquiètent et qui attendent avec impatience le rétablissement des châtiments corporels et de la peine de mort. »

Si les grands films d’horreur américain des années 70 et 80 ont souvent été perçus – à juste titre – comme politiquement subversifs, les films de Pete Walker ont coutume de mettre en scène la punition mortelle d’une jeunesse dévoyée ou de personnages jugés immoraux. Les suppléments du blu-ray de Flagellations nous renseignent sur les tendances anarchistes et réactionnaires de Pete Walker, hostile à toute forme d’engagement ou de pensée humaniste. Ses films apparaissent ainsi comme la satisfactions de pulsions inavouables, davantage que des brûlots condamnant les institutions judiciaires, le système carcéral ou la religion. Flagellations est un catalogue de châtiments corporels dans lequel des femmes aux mœurs légères sont enlevées, séquestrées et jugées dans un bâtiment lugubre en rase campagne, soumise à un simulacre de justice.

Cette commission privée qui punit les femmes dépravées est constituée d’une galerie de monstres à peine humains, affligés de tares physiques et mentales.

Flagellations est-il sadien, comme son sujet le laisse clairement supposer ?

Le dandy corrupteur qui tend un piège cauchemardesque à la naïve et gironde jeune Française installée à Londres s’appelle Mark Dessart, clin d’œil au marquis de Sade. Mais Flagellations est sans doute plus sadique que sadien. Walker manifeste davantage d’empathie avec les bourreaux, juges et gardiennes aux physiques atroces et aux délires pervers qu’à leurs victimes, pauvres filles écervelées dont il se délecte des souffrances et des infortunes. Walker cultive une esthétique de la laideur et de la folie d’une intensité peu commune dans le cinéma d’exploitation. Ses films, et en particulier celui-ci, sidèrent par leur cruauté, leur humour noir et leur vision lugubre de l’humanité.

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