Impossible de comparer le film de Mamoru Oshii avec son récent remake américain puisque nous ne l’avons pas encore vu. Mais revoir Ghost in the Shell en blu-ray plus de vingt ans après sa réalisation vient confirmer le génie visionnaire du cinéaste d’animation japonais, qui a signé avec ce film – et sa suite tout aussi géniale Innocence – un monument de la science-fiction en général et du cyberpunk en particulier.
Avant Ghost in the Shell, le titre qui rendit célèbre Oshii est la série Patlabor. Cet ambitieux projet mêlait déjà politique et robotique. Il débuta sous la forme de courts métrages vidéo, puis de série télévisée, et enfin d’une trilogie de longs métrages pour le cinéma. Oshii avait séduit les amateurs d’anime avec ces histoires de robots policiers géants, en ajoutant à ces aventures futuristes une réflexion brillante sur le terrorisme et le totalitarisme. On trouve dans Ghost in the Shell le développement de ces deux sujets qui fascinent autant Oshii que la cybernétique et l’intelligence artificielle. Réalisé en 1995, adapté du manga de Masamune Shirow, Ghost in the Shell demeure l’un des films les plus novateurs et emblématiques des années 90, tous genres confondus. Échec relatif au Japon mais succès d’estime en Europe et aux Etats-Unis au moment de sa sortie, ce classique instantané de la cyberculture a conquis au fil des ans toute une génération de cinéphiles, et traumatisé l’industrie hollywoodienne. James Cameron n’a jamais caché son admiration pour le film de Oshii, et les Wachowski l’ont copieusement plagié dans Matrix. L’univers de Ghost in the Shell continue d’inspirer bon nombre de cinéastes et théoriciens. Dans une métropole tentaculaire qui doit beaucoup à Blade Runner, Métropolis et Hong Kong, cette histoire d’espionnage industriel et de piratage informatique offre des spectaculaires scènes de poursuites, de fusillades et de combats, visuellement sidérantes. Mais Ghost in the Shell n’est pas à proprement parler un film d’action, et accorde une large place aux dialogues et aux personnages.
Oshii y illustre des concepts (le fameux « Ghost », sorte d’âme propre aux androïdes et contenue dans la « coquille », l’enveloppe physique des machines) et multiplie les questionnements philosophiques sur l’existence et l’humanité. Pour la première fois sans doute, à l’échelle internationale, un film d’animation japonais parvient à transcender son statut de divertissement et à élargir son public, captif mais marginal. Véritable onde de choc, Ghost in the Shell invente une forme de cinéma d’animation qui fait exploser les frontières et les catégories.
Nouvelle et superbe édition restaurée de Ghost in the Shell en blu-ray disponible à la vente chez All the Anime depuis le mois de mars.
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