ARTE salue Brian De Palma avec une soirée spéciale dimanche 26 mars, dans le cadre de son printemps du polar : Obsession (1976) à 20h55 et De Palma (2015), le documentaire de Noah Baumbach et Jake Paltrow, à 22h30. Les deux films seront disponibles en télévision de rattrapage sur ARTE+7 pendant sept jours.
Nouvelle-Orléans. Un homme d’affaires, Michael Courtland (l’excellent Cliff Robertson, dans un rôle initialement prévu pour Richard Burton), voit sa femme et sa petite fille tuées par des rançonneurs. Vingt ans plus tard, inconsolable, Courtland rencontre à Florence le sosie parfait de son épouse (Geneviève Bujold), à l’endroit même où il avait fait la connaissance de cette dernière, l’église de San Mignato al Monte. Il s’agit d’une des œuvres maîtresses de De Palma dans laquelle le cinéaste s’interroge sur son rapport au cinéma de Hitchcock (Obsession revisite Sueurs froides mais aussi Rebecca) et à la modernité cinématographique européenne (une partie de l’action se déroule à Florence, berceau de la culture occidentale). Le scénario de Paul Schrader cite La Vita Nuova de Dante et dresse des comparaisons entre le maniérisme pictural, le travail de restauration et les citations presque maladives de De Palma, qui reproduit des mouvements de caméra du Mépris de Godard, ou réussit en un plan séquence panoramique à faire le lien entre deux époques distinctes. Théorique et intellectuel, Obsession est aussi un magnifique mélodrame morbide, une histoire d’amour dans laquelle De Palma donne libre cours à son imagination baroque et son romantisme pervers. La mise en scène de De Palma est constamment inspirée, portée par la musique funèbre de Bernard Herrmann. Initialement intitulé Déjà vu, Obsession emprunte en effet une idée cinématographique à Vertigo, le dédoublement post mortem du corps aimé, qui s’accompagne chez le personnage principal d’une névrose traumatique et d’un sentiment de culpabilité. Mais il saute aux yeux que De Palma, dans cette œuvre maîtresse du début de sa carrière, vise autre chose que le plagiat. Le cinéaste se place d’emblée dans la position de celui qui vient après et propose une réflexion passionnante sur les différentes strates de l’histoire des images. Les films de De Palma sont plus ou moins analytiques ou cérébraux, mais c’est lorsqu’il parvient à concilier la théorie et les situations les plus émouvantes que le cinéaste de Pulsions signe ses meilleurs films.
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