Olivier Père

La Momie aztèque contre le robot de Rafael Portillo

Avis aux amateurs de mauvais films sympathiques : Régis Brochier, membre émérite de l’équipe de Nanarland, a concocté pour ARTE une websérie documentaire visible sur ARTE Cinéma et ARTE Créative à partir du 9 janvier : Nanaroscope !, sur un sujet qu’il maîtrise bien, avec une salve de dix numéros consacrés à des titres phares de la culture nanar, avec leur cortège de ninjas, de zombies nazis, de nains, d’acteurs en perdition et de cinéastes au génie incompris. Régis Brochier sait partager sa passion du nanar, avec humour et érudition, sans jamais adopter le ton méprisant ou vulgaire de certains ouvrages infects sur le même sujet. Il l’a démontré avec ses collègues du site nanarland.com, dont le remarquable travail d’exploration et de recensement avait déjà été décliné en émission (la défunte « escale à Nanarland » sur Allociné) et en programmateurs invités lors des mythiques nuits excentriques dédiées au n’importe quoi cinématographique et organisées par la vénérable Cinémathèque française. Deux livres sur l’univers de Nanarland sont aussi fortement recommandés.

Autour de cette websérie ARTE Cinéma propose gratuitement, et en ligne uniquement, quatre films appartenant à la copieuse histoire de la série Z à travers le monde, avec des titres venus du Mexique, d’Italie, des Etats-Unis et même de pays difficilement localisables sur la carte, véritables satellites de la planète nanar (Clash of the Ninjas, improbable production hongkongaise interprétée par des « gweilos »). Parmi ces quatre films arrêtons-nous sur La Momie aztèque contre le robot (La momia azteca contra el robot humano, 1959), dernière partie de la trilogie de la momie aztèque commise par le multirécidiviste Rafael Portillo, tâcheron du cinéma populaire mexicain. ARTE avait déjà diffusé le second opus, La malédiction de la momie aztèque, dans sa case trash en juin 2015

Nous retrouvons le Dr. Krupp, génie du crime surnommé « la chauve-souris » et interprété par un acteur rondouillard et barbichu qui cabotine éhontément, une nouvelle fois opposé à ses ennemis jurés le Dr. Sepulveda et Pinacate débarrassé de sa double identité de catcheur masqué El Angel – les combats de catch sont un élément qui manque cruellement à ce film mexicain. « La chauve-souris », jamais à cours d’idée démentes, a inventé un robot afin de dérober les bijoux de la fameuse momie aztèque. Le film est essentiellement constitué de joutes oratoires absurdes et de bagarres mollassonnes dans des décors miteux de laboratoires ou de repaires de gangsters. Il faut attendre le dernier quart d’heure pour assister enfin à l’affrontement sans merci entre la momie et le robot radioactif, mais pas très actif. Le film date de 1959 mais le caractère infantile de son récit – on n’ose pas évoquer l’aspect extrêmement rudimentaire de sa mise en scène – ferait passer les sérials américains des années 30 pour des modèles de sophistication et de profondeur psychologique. Entre spectacle de patronage et cour de récréation, La Momie aztèque contre le robot constitue le bas du panier de la pléthorique production mexicaine bis, qui possède ses perles et ses trésors cachés. Mais c’est un nanar qui satisfera les « complétistes » les plus persévérants, capables de patienter jusqu’à l’apparition amusante de ce robot humain, guère gâté par son créateur.

La momie Rafael Portillo).

La Momie aztèque contre le robot de Rafael Portillo

 

 

 

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