Olivier Père

Quo vadis de Mervyn LeRoy

ARTE diffuse Quo vadis (1951) de Mervyn LeRoy dimanche 25 décembre à 20h55.

Quo vadis inaugure au début des années 50 la mode des superproductions hollywoodiennes situées dans l’Antiquité romaine, tournées en Italie ou en Espagne et déployant des moyens fastueux. Le film de Mervyn LeRoy ouvre la voie d’une nouvelle vague de films bibliques ou historiques après ceux tournés dans les années 20 par DeMille, Niblo et quelques autres. La plupart des péplums à grand spectacle des années 50 seront d’ailleurs des remakes de films muets, nouvelles adaptations de romans à sujet religieux ou des Evangiles, comme Ben-Hur, Les Dix Commandements ou Le Roi des Rois. La mise en chantier de ces productions monumentales – et pas toujours rentables – apparaît comme un sursaut de Hollywood pour contrer la concurrence de la télévision, qui installe dans les foyers américains un petit écran en noir et blanc proposant des films, des feuilletons, des retransmissions sportives et des émissions de variétés. L’industrie du cinéma réagit avec des longs métrages à gros budgets et en couleur, destinés à des écrans de plus en plus larges, ne lésinant pas sur les foules de figurants, les décors grandioses et les scènes spectaculaires.

Quo vadis instaure les règles des films de cette catégorie « colossale » et mise à la fois sur le prestige artistique, les valeurs chrétiennes et le divertissement le plus échevelé pour parvenir à ses fins. Il est tiré d’un roman célèbre, succès international qui valut à son auteur le prix Nobel de Littérature en 1905 : Quo vadis ? de l’écrivain polonais Henryk Sienkiewicz, publié en 1895 et déjà adapté deux fois au cinéma au temps du muet, en France puis en Italie. La version de LeRoy bénéficie du Technicolor, mais pas encore du format large – le film sera tourné en 1.37, à la différence des péplums qui suivront. La Tunique sera en 1953 le premier film exploité en CinemaScope. Mervyn LeRoy était un cinéaste de studio qui s’était illustré dans presque tous les genres, et était entré en 1938 à la MGM. Pour Quo vadis il est épaulé par Anthony Mann, grand spécialiste du western qui se charge ici de régler la formidable séquence de l’incendie de Rome, sans être crédité au générique. Les superproductions se devaient de faire figurer des stars en haut de leur affiche. C’est Robert Taylor, le séducteur du cinéma hollywoodien des années 30 et 40 qui hérite du rôle de Vinicius, orgueilleux général romain qui a son retour de campagne va tomber amoureux d’une jeune otage chrétienne (la belle actrice anglaise Deborah Kerr) et se rallier à la cause des Chrétiens, persécutés par le cruel Néron. Dans le rôle du tyran pyromane aux prétentions de poète et de musicien, Peter Ustinov (photo en tête de texte) se livre à un mémorable et délirant numéro de cabotinage, totalement déconnecté du sérieux de l’entreprise. Quo vadis demeure un monument d’imagerie sulpicienne revisitée par le kitsch hollywoodien, dont le triomphe commercial engendrera une longue série de péplums, de luxe ou au rabais, des deux côtés de l’Atlantique.

 

 

 

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