Olivier Père

L’homme qui n’a pas d’étoile de King Vidor

Kirk Douglas a cent ans. Pour saluer l’acteur américain, ARTE diffuse trois de ses meilleurs films – et rôles – au sein d’une longue filmographie riche en classiques et chefs-d’œuvre : Les Vikings, L’homme qui n’a pas d’étoile et Seuls sont les indomptés. Nous n’avions que l’embarras du choix, au sujet d’une vedette charismatique, à la forte personnalité, qui a joué sous la direction de Jacques Tourneur, Raoul Walsh, Michael Curtiz, Joseph L. Mankiewicz, Billy Wilder, William Wyler, Howard Hawks, Vincente Minnelli, Stanley Kubrick… et à brillé dans presque tous les genres hollywoodiens, en faisant souvent preuve d’audace et d’intelligence dans ses décisions de carrière, et ses engagements auprès de cinéastes talentueux.

L’homme qui n’a pas d’étoile (Man Without A Star, 1955) est diffusé lundi 19 décembre à 20h50. C’est un sommet du western, par l’un des pionniers du cinéma américain, encore en pleine activité dans les années 50. King Vidor conserve une approche primitive du genre, avec le lyrisme qui le caractérise, mais L’homme qui n’a pas d’étoile – écrit par Borden Chase, scénariste entre autres des westerns d’Anthony Mann – ouvre aussi une brèche moderniste, en interrogeant les thèmes fondateurs de la frontière, de la violence et de la transmission. Kirk Douglas incarne un pur héros vidorien, individualiste forcené mu par son désir de liberté, d’indépendance physique et territoriale, comme en témoigne son aversion pour les barbelés, nouvel outil de la propriété privée et du cloisonnement de la nature sauvage qui a marqué à vie son corps de cicatrices. L’énergie que dégage Douglas s’exprime à la fois dans un humour presque enfantin, une sensualité effrénée – la belle et riche propriétaire représente à ses yeux un défi érotique – et une violence qu’il a du mal à contenir. Véritable cocotte minute sur le point d’exploser, tendu comme un arc, Kirk Douglas n’a jamais été une force tranquille. Plutôt un héros moderne, avec son poids de névroses et de blessures secrètes. A ce titre, le cow-boy de L’homme qui n’a pas d’étoile appartient autant à l’univers de King Vidor qu’à celui de l’acteur.

 

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