Olivier Père

L’Europe autour de l’Europe

Créé par Irena Bilic il y a dix ans, le festival « L’Europe autour de l’Europe » se déroule tous les ans au printemps à Paris et en Île-de-France. Pendant un mois il présente des films d’auteurs et des classiques de la Grande Europe (47 pays européens, membres du Conseil de l’Europe). Une sélection de films (long métrages, court métrages, documentaires, films d’animation et expérimentaux), d’horizons divers et couvrant toute l’histoire du cinéma, est montrée dans une vingtaine de salles à Paris. Cette onzième édition, sous-titrée « chaos et harmonie », se déroulera du 16 mars au 18 avril.

 

Le festival accueillera, à l’occasion de projections et d’hommages, des dizaines d’invités prestigieux parmi lesquels Jean-Claude Carrière, Carlos Saura, Albert Serra, Hans-Jürgen Syberberg, István Szabo…

 

Une programmation pléthorique, curieuse et érudite, disséminée dans plusieurs lieux parisiens permettra de revoir plusieurs titres emblématiques des nouvelles vagues européennes des années 60 et 70, des chefs-d’œuvre de la modernité cinématographiques, quelques films contemporains essentiels et de découvrir des films très rares, exhumés de l’oubli.

Ainsi on pourra découvrir sur grand écran deux mélodrames muets réalisés en Hongrie, l’un par Michael Curtiz, quand il s’appelait encore Kertész Mihály, L’Indésirable (1915), l’autre par Alexander Korda (alias Korda Sándor) avant que ce dernier ne poursuive sa brillante carrière en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et à Hollywood, L’Homme d’or (1919).

 

Parmi les immanquables de ce festival voici une petite sélection subjective, qui ne rend que faiblement compte des trésors que recèle le festival :

 

La Chasse (1965) : premier film important de Carlos Saura. Un coffret DVD édité par Tamasa nous offrira l’occasion de revenir bientôt sur les débuts du réalisateur espagnol.

 

Le Sacrifice (1986) : superbe testament cinématographique de Andreï Tarkovski réalisé en exil (en Suède), quelques mois avant sa disparition.

 

Les Sans-espoir (1966) : œuvre maîtresse de Miklós Jancso, déjà saluée ici à l’occasion de la rétrospective complète consacrée au cinéaste hongrois à la Cinémathèque française l’année dernière.

 

Chronique d’Anna Magdalena Bach (1968) : chef-d’œuvre révolutionnaire où Jean-Marie Straub et Danièle Huillet filment la parole et la musique comme personne avant (et après) eux. Chaque pièce de musique est interprétée en direct, sans être interrompue par des changements de plan, par des musiciens de première importance, dont le claveciniste Gustav Leonhardt qui tient le rôle de Johann Sebastian Bach.

 

Parfisal (1982) : Produit sous le règne de Toscan du Plantier à la Gaumont, l’opéra filmé Parsifal (1983) de Hans-Jürgen Syberberg d’après Wagner est l’un des seuls qui survive au diktat de la postsynchronisation des chanteurs, puisque cette dissociation des voix et des corps humains, transformés en automates évoluant dans un décor de statues géantes, est au cœur même du projet de Syberberg. A ne pas rater, du même auteur, Ludwig, requiem pour un roi vierge (1972).

 

La Bataille de Culloden (1964) et La Commune (1999) : l’essayiste Peter Watkins a inventé une manière de représenter l’histoire au cinéma. Dans le style du documentaire, caméra à l’épaule, il filme des reconstitutions historiques comme un reportage télévisé, avec une distance critique.

 

Alexandra (2007) : au travers d’une figure maternelle à la douceur extrême, la critique de la guerre en Tchétchénie par Alexandre Sokourov.

 

Honor de Cavalleria (2006) : Tourné en catalan, dans des décors naturels et avec des comédiens non professionnels, Honor de cavalleria est une adaptation à la fois respectueuse et originale du Don Quichotte de Cervantès, et marque l’apparition d’Albert Serra, un jeune cinéaste extrêmement talentueux, libre et courageux dans sa vision du cinéma, bref le nouvel enfant terrible du cinéma espagnol. Son nouveau long métrage, le premier en français, est attendu dans le courant de l’année : La Mort de Louis XIV, avec Jean-Pierre Léaud.

 

Le Nid familial (1979), Rapports préfabriqués (1982), Almanach d’automne (1985), Damnation (1987), Le Tango de Satan (1994), Les Harmonies Werckmeister (2000, photo en tête de texte) : rétrospective conséquente de l’œuvre cosmogonique de Béla Tarr, fameuse pour son approche monumentale de la durée, avec ses longs plans séquences et ses films fleuve.

 

L’ensemble du programme est à consulter ici

www.evropafilmakt.com

 

 

 

 

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