Olivier Père

Samson et Dalila de Cecil B. DeMille et Diamants sur canapé de Blake Edwards

Certains grands films – y compris quand ils sont produits par des studios importants – disparaissent de la circulation et il faut se montrer patient et attendre leur réédition en Blu-ray dans des versions restaurées. C’était le cas du Convoi de la peur de William Friedkin, c’est aussi le cas d’un chef-d’œuvre de Cecil B. DeMille,Samson et Dalila (Samson and Delilah, 1949) désormais disponible en Blu-ray dans la belle collection « les incontournables du cinéma » chez Paramount.
Le film de DeMille conte l’épopée biblique et tragique de Samson (Victor Mature), qui lutte pour libérer son peuple, les Hébreux soumis aux Philistins. Il tombera dans le piège tendu par la belle et cruelle Dalila (Hedy Lamarr).
Samson et Dalila est un projet que DeMille portait en lui depuis les années 30, retardé à cause de l’échec de son autre film antique Les Croisades. Antépénultième film de DeMille avant Sous le plus grand chapiteau du monde et Les Dix Commandements, Samson et Dalila est sans doute le sommet de la dernière période de l’œuvre de DeMille. Le cinéaste a souvent puisé dans la Bible les histoires de ses films, adaptant les saintes écritures avec fantaisie au gré de ses fantasmes et de ses besoins d’homme de spectacle, avec cependant la paradoxale fidélité d’en extraire ce mélange délirant de sexe et de violence, d’amour, de passion et de destruction. Les morceaux de bravoure physiques alternent avec des moments d’intimité, nous rappelant que DeMille fut d’abord un grand cinéaste du couple et des relations entre les hommes et les femmes, avec ses mélodrames mondains muets, et qu’il ne céda que par intermittence au monumentalisme qui devint sa marque de fabrique. Une autre facette constante de l’œuvre de DeMille, l’érotisme, éclate dans Samson et Dalila, sublime écrin pour la sensualité de Hedy Lamarr, actrice d’origine austro-hongroise qui était devenue une star en se montrant nue à l’écran, dans Ekstase en 1933. Le style de DeMille, proche de l’enluminure en ce qui concerne ses films bibliques doit autant à la sculpture qu’à la peinture, dans son souci de la composition davantage que du mouvement, dans son utilisation extraordinairement expressive du Technicolor. Souvent qualifié péjorativement de « pompier » l’art de DeMille est plutôt celui d’un primitif, fidèle à l’esthétique du muet même dans ses films tardifs sonores et en couleur, constamment hors des modes et donc indémodables, mais dont l’impact sur le public, immédiat et profond, ne s’est jamais démenti.

Victor Mature

Victor Mature dans Samson et Dalila

Voici ce qu’écrivait le cinéaste Albert Serra au sujet de ce film admirable, lors de sa carte blanche au Centre Pompidou :
« A mon sens, le meilleur film de Cecil B. DeMille (même si Paulette Godard en est absente.) Tout son univers, plus délicat et corrompu que jamais, s’y retrouve, ainsi que son hiératisme classique, et il est facile de confondre Victor Mature avec une colonne… De plus, le conflit psychologique des personnages est d’une complexité et d’une sensualité si intimes que jamais on ne retrouvera cela sur un écran de cinéma. Samson et Dalila, c’est la sublimation de l’ingéniosité naturaliste.»

 

Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé

Audrey Hepburn dans Diamants sur canapé

Dans cette même collection Paramount a également édité un film moins rare mais néanmoins génial, chef-d’œuvre de la comédie américaine qui entrait dans sa période moderne, entre glamour et trivialité : Diamants sur canapé de Blake Edwards dont nous parlions déjà ici à l’occasion de sa diffusion sur ARTE.

https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2013/12/15/diamants-sur-canape-de-blake-edwards-2/

 

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