Olivier Père

Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan

ARTE diffuse ce soir à 23h35 Il était une fois en Anatolie (Bir Zamanlar Anadolu’da), grand prix du Festival de Cannes en 2011, tandis que Nuri Bilge Ceylan revient cette année en sélection officielle sur la Croisette avec son nouveau film, Winter Sleep, coproduction ARTE France Cinéma. L’occasion de se replonger dans une œuvre majeure du cinéma contemporain. Il était une fois en Anatolie est un conte philosophique maquillé en enquête policière, ou l’inverse. Au cœur des steppes d’Anatolie, un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est vraiment passé fait progressivement surface. Adepte du cinéma numérique auquel il a donné ses lettres de noblesse avec un film comme Les Climats, Nuri Bilge Ceylan compose des plans admirables de paysages, de groupes ou de visages à la manière d’un peintre, avec des clairs-obscurs dignes de Rembrandt et Vermeer. Il était une fois en Anatolie fait partie de ces films capables de combiner splendeur picturale, profondeur psychologique et métaphysique, hissant le cinéma au niveau des grandes œuvres littéraires et poétiques. Nuri Bilge Ceylan n’a jamais caché son admiration pour Tchekhov, dont l’influence se ressent dans la plupart de ses films, et plus particulièrement Nuages de mai, Il était une fois en Anatolie – qui évoque aussi Dostoïevski – et Sommeil d’hiver. L’ambition de Nuri Bilge Ceylan est de rivaliser avec la profondeur et la complexité de la grande littérature russe, pari difficile au cinéma et néanmoins atteint.

Il était une fois en Anatolie, bien qu’ancrée dans la réalité de cette région turque, particulièrement isolée et désertique, atteint une dimension universelle car le film de Nuri Bilge Ceylan fouille la part sombre de l’âme humaine, méditant sur les notions de Bien et de Mal, de mensonge et de culpabilité, avec une pointe d’humour absurde – dans certains dialogues et situations – aussi inattendue que réjouissante. Au-delà de l’enquête et de la laborieuse révélation d’un crime atroce, de la crise de conscience d’un médecin, Il était une fois en Anatolie est aussi traversé par l’obsession des femmes, dont l’absence pèse sur tout le film et ne rend que plus fascinante et miraculeuse la fugace apparition d’une jeune fille dans la nuit, éclairée par une lampe.

 

Il était une fois en Anatolie est également disponible en replay sur ARTE+7.

 

 

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