Olivier Père

Cannes 2014 Jour 5 : La Chienne de Jean Renoir (Cannes Classics)

Cannes Classics permet ce soir de revoir ce chef-d’œuvre de 1931 présenté par Les Films du Jeudi et la Cinémathèque française dans une version restaurée en 2K. On ne s’en privera pas.

Maurice Legrand, caissier dans une banque et peintre du dimanche, mène une morne existence aux côtés

d’une épouse acariâtre. Il tombe amoureux d’une jeune fille des rues et devient la victime de la belle et de son souteneur. Deuxième film parlant de Renoir après On purge bébé, La Chienne inaugure une longue série de films sublimes et se caractérise par une utilisation déjà parfaitement maîtrisée du son direct, le beau souci du cinéaste. C’est effet l’atmosphère sonore qui confère au film son réalisme, tandis que le cadre a tendance à souligner la théâtralité des situations. La profondeur de champ renvoie souvent à la scène du théâtre. L’introduction nous montre d’ailleurs un spectacle de Guignol où les marionnettes présentent les personnages du film et se contredisent sur sa portée profonde : s’agit-il d’un conte moral ou d’une simple histoire de passion criminelle, mélange de boulevard et de fait-divers ? Au spectateur de trouver la réponse. L’interprétation géniale de Michel Simon et des autres comédiens possède sous la direction de Renoir ce mélange de vérité proche de l’improvisation et d’excentricité qui enrichit le dialogue entre la réalité et le théâtre au sein du film. Renoir a offert à Michel Simon (avec Jean Vigo et Sacha Guitry) les plus beaux rôles de sa carrière. La transformation du petit-bourgeois brimé par ses patrons et sa femme en amoureux transi poussé au crime puis en homme libre de toute entrave, au prix de la clochardisation, annonce bien sûr le personnage de Boudu que les deux artistes créeront ensemble un an plus tard dans un autre chef-d’œuvre, Boudu sauvé des eaux.

 

A noter que les cinéphiles qui ne sont pas à Cannes peuvent revoir en salles grâce à Swashbuckler Films depuis le 14 mai La Rue rouge (Scarlet Street, 1947), le premier remake d’un film de Jean Renoir par Fritz Lang, avant Désirs humains (1954), nouvelle version de La Bête humaine (1938).

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