Luke (Ryan Gosling) est un cascadeur à moto solitaire qui devient braqueur de banques pour subvenir aux besoins de sa femme (Eva Mendes) et de son enfant dont il est séparé et dont il souhaite reconquérir l’amour. Mais un casse tourne mal et il est abattu par un policier en uniforme (Bradley Cooper). Ce dernier, dont la vie est bouleversée par cet incident, tente de venir en aide à la jeune veuve, tout en combattant ses collègues corrompus (parmi lesquels Ray Liotta, abonné aux rôles d’affreux.) Quinze ans après, les blessures ne se sont toujours pas refermées et ce sont les fils de l’ex flic devenu politicien et du voleur qui concluront cette tragédie familiale. D’habitude on parle ici des films qu’on a beaucoup aimés. The Place Beyond the Pines fera donc figure d’exception. Il faut dire qu’on attendait beaucoup – trop – ce film d’un cinéaste et d’un acteur dont la précédente collaboration était enthousiasmante. Et on espère malgré tout ne pas totalement décourager ceux qui auront envie de le voir. Découvert au Festival de Toronto le nouveau film de Derek Cianfrance qui sort aujourd’hui en France déçoit. Cette histoire criminelle étendue sur deux générations véhicule beaucoup de clichés empruntés aux récents films criminels américains, sans convaincre ni sur le plan formel, très conventionnel, ni sur le plan du scénario, ambitieux mais inutilement alambiqué et pas toujours crédible.
C’est d’autant plus triste que Blue Valentine, le précédent film de Derek Cianfrance déjà avec Ryan Gossling et Michelle Williams, nous avait séduit et impressionné. Cette histoire cruelle et triste d’un couple étalée sur plusieurs années, magnifiquement interprétée et d’une grande sensibilité laissait entrevoir un talent intransigeant et une belle personnalité de cinéaste. Hélas Cianfrance était plus convainquant lorsqu’il s’inspirait de Cassavetes – voire Pialat – qu’en émule de James Gray.
On retiendra de ce film inégal une belle séquence d’ouverture dans un parc d’attraction, long plan séquence plein d’énergie et de mystère. Mais les promesses contenues dans cet incipit séduisant s’évanouissent dans la mise en image paresseuse d’un scénario qui veut en faire trop. Ryan Gosling demeure l’atout le plus excitant – et iconique – de ce film longuet. Dommage qu’il meure trop vite et que son personnage, décoloration blonde et tatouages en plus, ressemble à une décalcomanie de celui qu’il interprétait dans Drive. Tout en émotion rentrée et en violence contenue, comme une grenade prête à exploser. A ce rythme, on risque de se lasser rapidement de son jeu minimaliste et taiseux, même si on compte bien sur Nicolas Winding Refn et son Only God Forgives pour ranimer la flamme de la Goslingmania.
Laisser un commentaire