Olivier Père

Rétrospective Manoel de Oliveira à la Cinémathèque française

La Cinémathèque française propose du 6 septembre au 22 octobre la rétrospective complète des films de Manoel de Oliveira, qui débute ce soir avec l’avant-première de son nouveau film Gébo et l’ombre (pas encore vu).

Parmi nos films préférés d’Oliveira il y a NON ou la vaine gloire de commander, réalisé en 1990 lorsque le cinéaste portugais retrouvait une seconde jeunesse et enchaînait film sur film grâce au producteur Paulo Branco qui l’avait remis au travail dix ans plus tôt avec le magnifique Francisca (1981), point de départ d’une créativité et d’une productivité incroyables qui perdurent encore.

1974, dans une colonie portugaise d’Afrique. Chargé avec ses soldats de la répression d’un mouvement de libération local, un lieutenant évoque à chaque moment de pause les grandes étapes de l’Histoire du Portugal. Si la plupart des films d’Oliveira sont des portraits de femmes celui-ci, un des plus ambitieux de son auteur, longuement mûri et inspiré par la Révolution des œillets, entend dresser le portrait d’un pays, le Portugal, au travers des plus cuisantes défaites de son Histoire. Le film s’appuie sur des faits rigoureusement exacts racontés avec la plus grande objectivité. Mais cette réflexion sur l’Histoire, le patriotisme et la vanité militaire dans laquelle il ressort que le Portugal est grand non par ses conquêtes et ses batailles mais par ses legs à l’humanité s’avère avant tout un immense poème cinématographique.

Trois ans plus tard Val Abraham est un autre titre essentiel de la filmographie d’Oliveira, sublime chef-d’œuvre, relecture sensuelle et lumineuse de « Madame Bovary » qui contourne l’adaptation en s’inspirant d’un roman portugais d’Agustina Bessa-Luís lui-même inspiré du roman de Flaubert. Superbe interprétation de Leonor Silveira, actrice fétiche du cinéaste durant les années 90.
 

Je rentre à la maison est aussi l’un des meilleurs films d’Oliveira.

Un grand comédien de théâtre (Michel Piccoli) a perdu sa famille dans un accident de voiture. Il est désormais seul avec son petit-fils qu’il adore. Il accepte un bref rôle dans une adaptation de Joyce au cinéma, mais sa journée de tournage vire au désastre.

Ce film de Manoel de Oliveira a rencontré un véritable succès public lors de sa sortie en 2001 après sa projection au Festival de Cannes. Sans doute cette œuvre était-elle plus accessible que d’autres dans la longue carrière du plus grand (et du plus vieux) cinéaste en activité. Mais Je rentre à la maison séduit avant tout parce qu’il traite avec légèreté et élégance des thèmes aussi graves que le deuil, la vieillesse et la fin de la vie. Manoel de Oliveira a expliqué que l’idée de départ du film qui pour une fois n’est pas une adaptation littéraire lui fut inspirée par un incident survenu à un acteur sur le tournage de son film précédent Parole et Utopie.

Nous ne saurions également trop recommander deux autres films récents du cinéaste qui comptent parmi ses plus beaux et confirment sa proximité avec Buñuel : Singularités d’une jeune fille blonde (2009) et L’Etrange Affaire Angélica (2010).

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