Olivier Père

The Man from Planet X de Edgar G. Ulmer

The Man from Planet X

The Man from Planet X

« Un film minuscule qui ouvre des perspectives incalculables. » Ainsi Jacques Lourcelles, dans son Dictionnaire du cinéma, résume-t-il The Man from Planet X. Une phrase qui s’applique d’ailleurs à l’œuvre entière de Edgar G. Ulmer. Autrichien (mais il est né à Olomouc, aujourd’hui en République tchèque, en 1904), Ulmer travaille auprès de Murnau (assistant décorateur sur L’Aurore), Lang, Wegener, Lubitsch… En 1929 il coréalise avec Robert Siodmak le célèbre Les Homme, le dimanche avant de s’expatrier en 1930 à Hollywood pour mener une carrière des plus erratiques. Personnalité excentrique – ses interviews témoignent de son goût de l’affabulation proche de la mythomanie – Ulmer dut s’accommoder la plupart du temps de budgets rachitiques et d’acteurs de troisième zone, travaillant pour les plus petits studios d’Hollywood, tournant indistinctement films fantastiques (Le Chat noir avec Karloff et Lugosi), westerns (Le Bandit, son chef-d’œuvre), films noirs (Detour), mais aussi films destinés aux minorités juives, noirs et ukrainiennes, fantaisies orientales, mélodrames, comédies mondaines, films de pirates, péplums, fantastiques, mais toujours avec une passion indéfectible pour l’expressionnisme, un génie de l’espace et de l’atmosphère, des motifs visuels (l’élément aquatique) et thématiques récurrents (le Destin) perpétuant également une tradition romantique allemande, dans la lignée de Murnau. Ulmer réalisa trois films de science-fiction : The Amazing Transparent Man et Beyond the Time Barrier, tournés en 1960 en onze jours dans les mêmes décors mobiles et surtout The Man from Planet X (1951), tourné en six jours dans les décors de la Jeanne d’Arc de Victor Fleming. Comme souvent, Ulmer parvient à transcender l’absence cruelle de budget, instaurant un climat de mélancolie et de poésie qui tranche avec les habituelles séries de science-fiction belliqueuses, et inaugure un dimension humaniste du genre. Il faut redécouvrir Ulmer, sans conteste le plus grand réalisateur de petits films américains.

Ce sera possible grâce à la Cinémathèque française qui organise du 4 juillet au 5 août la tant attendue rétrospective (la plus complète possible) des films de ce génial cinéaste, à la fois underground et hollywoodien. Un événement riche en surprises et découvertes. Ne pas manquer, parmi tant d’autres perles Cinq contre la mort (The Cavern) le dernier et très beau film d’Ulmer tourné en Italie en 1964.

Projections de The Man from Planet X le dimanche 8 juillet à 19h30 et le dimanche 5 août à 17h30

Edgar G. Ulmer

Edgar G. Ulmer

Catégories : Actualités

4 commentaires

  1. Félix dit :

    J’ai découvert hier le superbe Naked Dawn (Le Bandit), western très original et intéressant sur plein d’aspects, ça m’a donné envie de me plonger davantage dans la filmographie d’Ulmer (dont j’avais déjà vu et apprécié – mais moins que Le Bandit – son film noir Détour). Votre article éveille drôlement ma curiosité pour ce Man from the Planet X (entre autres) dont la jolie affiche décorait jadis l’un de mes murs…

  2. Olivier Père dit :

    Il faut aussi que vous voyez L’Impitoyable (Ruthless) l’un de ses meilleurs films édité en DVD par Sidonis.

  3. Félix dit :

    J’en prends bonne note, merci !
    Si le film est lui aussi accompagné d’un commentaire de Bertrand Tavernier, c’est encore mieux. Il est passionnant à écouter quand il s’épanche sur Le Bandit.

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