Les magnétiques

Une petite ville de province, à la veille de l’élection de François Mitterrand. Entre les coups de main à leur père garagiste et les sorties au bar avec leur bande d’amis, Philippe, technicien de l’ombre, et son frère Jérôme, qui en est la voix, animent une radio pirate vibrant au son du rock du moment. Ayant échoué à se faire réformer, Philippe part faire son service à Berlin-Ouest, où la vie de caserne lui pèse d’autant plus qu’il ne pense qu’à Marianne, la copine de Jérôme, mère célibataire et apprentie coiffeuse, dont il est immédiatement tombé amoureux. Mais leurs retrouvailles auront un goût de tristesse infinie...

Paradoxes
S'il s’ouvre sur la liesse du 10 mai 1981, cet épatant premier film capture, derrière son grain nostalgique, les ambivalences de l’époque, au plus près d’une jeunesse qui tangue entre soif de vivre et désenchantement. Alors que le flamboyant Jérôme (Joseph Olivennes, charismatique à souhait), héritier rageur des utopies trahies, se débat avec ses pulsions autodestructrices, Philippe (la révélation Thimotée Robart), qui admire son aîné en silence, va trouver sa voix en faisant l’expérience du désir (sous les traits de la merveilleuse Marie Colomb, vue dans la série Culte), de l’amitié et de la mort. En accompagnant, du garage paternel breton aux soirées électro berlinoises, ce génial bidouilleur de sons – en témoigne sa déclaration d’amour radiodiffusée sur les ondes du secteur britannique, tout en boucles, scratches de cassettes et micros volant dans les airs –, Vincent Maël Cardona (réalisateur de De grâce) reconstitue avec panache l’aventure des radios libres et déroule un récit d’apprentissage exaltant, scandé par Joy Division, Marquis de Sade et Camera Silens.