Malqueridas, les mal aimées

Des voix en espagnol dans des talkies-walkies, le bruit de lourdes clefs contre des portes en métal que l’on ferme, la voix d’une femme qui chantonne doucement... pendant qu’un bébé s’endort. Dans les prisons chiliennes, les mères peuvent garder leurs enfants, dont certains sont nés en détention, jusqu’à l'âge de 2 ans. Ils sont ensuite placés dans la famille, ou, souvent, dans des institutions. Pour ces femmes incarcérées, le déchirement est insondable. Comment y survivre dans un quotidien marqué par des conditions carcérales difficiles, au terme d’un parcours qui a souvent mêlé drame familial, drogue, négligence et pauvreté ?

Esthétique de la clandestinité
À l'aide de vidéos et de photos prises en cachette avec des téléphones bien entendu interdits en prison, le film – accompagné d'une narration en voix off – porte un regard intime et inédit sur ces femmes piégées, entre sentiment d’impuissance et regrets, dans un système qui régit leurs corps et leur vie privée. Les images sont flottantes, granuleuses, parfois fantomatiques : une esthétique de la clandestinité à la mesure d’un présent en souffrance. Mais dans cet univers émotionnel d’une densité rare, un espoir subsiste : ces mères trouvent réconfort, affection et soutien dans la communauté des autres détenues, malgré l'exiguïté de leur cellule. Un beau film sur la sororité.