Rameau : Samson

Après l'exode hors d'Égypte, le peuple d'Israël s'est installé en Judée. Bafouant le premier commandement divin et cédant au polythéisme, ses membres sont tombés sous le joug des Philistins. Élu de Dieu, Samson tire sa force herculéenne d'une chevelure abondante dont il ne doit sous aucun prétexte se départir. Volontaire et impulsif, il exhorte son peuple à la révolte contre ses oppresseurs. Mais l'amour et ses traîtrises rôdent…

Réussite musicale et théâtrale
En 1733, Voltaire s'associait avec Rameau, le plus grand compositeur français de son temps, pour renouveler l’art lyrique en créant ce Samson. Le livret ayant été interdit par les censeurs royaux, ils durent abandonner leur projet et la partition fut perdue. Néanmoins, Voltaire fit paraître son texte dans une version édulcorée et Rameau dissémina plusieurs passages musicaux dans ses œuvres ultérieures, notamment Les Indes galantes, Castor et Pollux et Zoroastre. À partir de ce matériau, le metteur en scène Claus Guth et le chef d'orchestre Raphaël Pichon ont façonné une libre adaptation de l’opéra perdu, présentée au Festival d’Aix-en-Provence 2024. Sur la scène du Théâtre de l’Archevêché, transformée en palais effondré, la tragédie biblique, racontée par la voix de la mère du héros (Andréa Ferréol), se déploie dans toute sa violence et sa sensualité. Servie par un casting parfait (la mezzo-soprano Lea Desandre et la soprano Jacquelyn Stucker entourant le baryton Jarrett Ott), une fresque fascinante, d’une grande puissance visuelle et émotionnelle.