ARTE Regards

Seize mégabassines devraient voir le jour. Leur but : permettre aux agriculteurs d'irriguer leurs cultures durant l’été. Une bonne nouvelle pour Samuel Baudouin, éleveur de chèvres, qui cultive lui-même le fourrage de ses bêtes. Face à la succession des épisodes de sécheresse, un approvisionnement en eau garanti est pour lui une question de survie. Depuis que son exploitation a été raccordée au premier bassin, il voit pour un temps s’éloigner le spectre de la mauvaise récolte.

Le collectif "Bassines non merci" entend lui empêcher la construction des quinze autres réservoirs à la lisière du Parc naturel régional du Marais poitevin. Jean-Jacques Guillet, membre actif du mouvement, y vit depuis 50 ans. À ses yeux, prélever dans des nappes phréatiques au niveau déjà très bas pour servir les intérêts de quelques agriculteurs est un non-sens. Et un frein au changement de mentalité dont le monde agricole a besoin. Sa critique fait écho à celle des autres détracteurs du projet dont les rangs ne cessent de grossir. En mars 2023, une manifestation interdite par la préfecture a ainsi rassemblé 30 000 personnes face à des forces de l'ordre déployées en grand nombre. Bilan : 200 blessés parmi les manifestants, 47 parmi les gendarmes.

Les agriculteurs aussi dénoncent ces ouvrages. Maraîcher bio, Rémi Laurendeau ne profitera pas du gigantesque réservoir actuellement en construction près de chez lui. Au contraire des dix grandes entreprises exportatrices du secteur qui doivent s’y raccorder. Il exige l’arrêt immédiat de la construction et en appelle à l’État pour repenser les priorités en matière d’accès à l’eau. Faute de quoi les petites exploitations comme la sienne pourraient bien disparaître.