Hydrogène : révolution ou illusion ?

En Vendée, Lhyfe fait figure de pionnière en Europe. Installée au pied d’un parc éolien en mer, son usine produit et livre localement quelque 300 kilos d’hydrogène vert par jour. En Allemagne, le groupe sidérurgique Thyssenkrupp a bien compris que son modèle économique, qui repose sur la production polluante de l’acier, était condamné à respecter les termes de l’accord de Paris. Pour entamer sa transition énergétique, son site industriel de Duisbourg mise sur un projet d’envergure : faire tourner ses hauts-fourneaux grâce à l’hydrogène. Une évolution technologique extrêmement coûteuse pour laquelle des aides publiques, encore en négociation, sont cruciales. Au Danemark, le géant du transport maritime Maersk vient de lancer son premier porte-conteneurs propulsé au méthanol vert, un carburant de synthèse produit à partir d’hydrogène. Bénéficiant des vents soutenus qui balaient les côtes du Finnmark, la Norvège y projette l’installation de nouveaux parcs éoliens afin d’alimenter son site pilote d’hydrogène vert de Berlevag. Sur le continent africain, certains pays sont aussi sur les rangs. En Namibie, durement frappée par la sécheresse, le gouvernement participe au financement de l’installation d’une méga-usine de production, alimentée par du solaire et de l’éolien, deux de ses inépuisables ressources. Tandis que le Maroc est, lui, à pied d’œuvre pour ouvrir un grand corridor de transport d’hydrogène via d’immenses gazoducs qui relieront l’Afrique à l’Europe.

État des lieux
Obtenu par électrolyse de l’eau – une opération consistant à casser, grâce à un courant électrique (vert lorsqu’il est obtenu par éolien et/ou photovoltaïque), les molécules H2O afin d’en extraire le dihydrogène (H2) –, l’hydrogène représente l’espoir prometteur de remplacer dans certains secteurs les énergies fossiles émettrices de CO2. Si l’Union européenne estime nos besoins à 20 millions de tonnes d’hydrogène vert en 2030, d’autres voix les chiffrent plutôt à 100 millions de tonnes. Serons-nous capables en un temps aussi bref de relever le défi ? Allant sur le terrain, en Europe et en Afrique, à la rencontre d’acteurs du secteur (industriels, ingénieurs…) à la manœuvre sur des projets ambitieux, ce documentaire donne aussi la parole à des observateurs qui pointent les limites de cette nouvelle source d’énergie, notamment son coût de fabrication et de transport, bien plus élevé que celui des combustibles fossiles. Il soulève aussi les questions de la préservation de sites naturels où il est produit et la viabilité à terme sur le continent européen des industries les plus gourmandes en énergie, telles que la sidérurgie, le verre ou la chimie.