Serre moi fort

Un matin, pendant que son mari et ses deux enfants dorment, Camille quitte la maison et s’enfuit vers la mer au volant d’une voiture de collection. Au réveil, ce petit monde se presse pour le petit déjeuner, de peur d’arriver en retard à l’école et au travail. Le début d’une vie qui va continuer sans elle…

Une absence
"Ça semble être l’histoire d’une femme qui s’en va", indiquait justement Mathieu Amalric à la sortie de cette adaptation de la pièce Je reviens de loin de Claudine Galea. À travers un étonnant sens du montage, le film sinue entre l’échappée de Camille – bouleversante Vicky Krieps (Phantom Thread) – et le quotidien de cette famille qu’elle a désertée, laissant ainsi les questions en suspens. Pourquoi est-elle partie ? Que fuit-elle ? Ces moments de vie, au cours desquels elle continue d’interagir avec eux – notamment dans une merveilleuse scène de petit déjeuner où elle exhorte, à distance, son mari Marc (Arieh Worthalter) à enlever son t-shirt, l’obligeant à trouver une excuse pour justifier sa conduite saugrenue auprès des enfants –, ont-ils vraiment lieu ? S'efforçant de continuellement brouiller les pistes, l’acteur-réalisateur juxtapose rêve et réalité pour tisser un beau et mélancolique geste poétique. Dans ce tourbillon de souvenirs et d’instants présents qui s’entrechoquent, Camille semble plus animée par la nostalgie que le regret, comme si elle cherchait surtout à se remettre d’un deuil impossible.