Olivier Père

L’Ombre de Staline de Agnieszka Holland

L’Ombre de Staline (Mr. Jones) a été réalisé en 2019 par Agnieszka Holland. Ce film indispensable est inspiré d’une histoire vraie : celle du voyage du jeune journaliste britannique Gareth Jones à Moscou, afin d’obtenir une interview du dirigeant communiste Joseph Staline, quelques années avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Jones était d’origine galloise, il était devenu dans les années 30 conseiller en politique étrangère pour le Premier Ministre britannique David Lloyd George. C’était l’un des rares journalistes à avoir pu interviewer Hitler. Il avait alors tenté d’alerter le gouvernement britannique sur le danger que représentait le Troisième Reich. Résultat : il fut licencié. En URSS, son idéalisme va se heurter une nouvelle fois à une réalité brutale. Sur place, il constate que la presse étrangère présente à Moscou est totalement muselée par le régime stalinien, ou au pire totalement corrompue. Jones ne réussit pas à rencontrer Staline, mais il obtient des institutions communistes qu’on organise pour lui un voyage officiel en Ukraine, territoire habituellement fermé aux journalistes. En échappant à la vigilance de ses guides et en explorant sans autorisation la campagne ukrainienne en plein hiver, il va découvrir la terrifiante vérité. L’Ombre de Staline lève le voile sur une tragédie historique longtemps occultée et plus tard nommée Holodomor : l’extermination par la faim provoquée en Ukraine par les Soviétiques, qui va ravager les campagnes et causer plusieurs millions de morts en 1932-1933. Agnieszka Holland rend hommage au courage et à l’intégrité de Jones, confrontés à la complaisance de ses confères et aux intérêts politiques occidentaux. Elle accomplit un devoir de mémoire et signe par la même occasion un film bouleversant et d’une troublante actualité, cinq ans après sa réalisation.

 

Diffusion mercredi 20 mars à 20h55 sur ARTE. Également disponible en télévision de rattrapage sur ARTE.tv

 

 

 

Catégories : Sur ARTE

2 commentaires

  1. Rittner dit :

    Un film salutaire, voilà le voile est définitivement déchiré, Staline n’est qu’un « tigre en papier », le responsable de millions de morts, génocide, hécatombe…comment nommer l’impensable, l’inimaginable? comment?

    Je vais finir par croire que depuis le commencement l’homme est un loup pour l’homme et juste me retirer pour « cultiver mon jardin », pas de me détourner des autres mais les mettre bien à distance et n’en conserver que quelques uns.

  2. maddy delsipée dit :

    merci madame Holland et tout mon respect pour ce beau film et unt témoignage courageux de l’horreur , qui à la fois trouble la connaissance mais élève le coeu rd’émotions profondes! j’ai regardé votre film sur base de votre nom et c’est un honneur et beaucouo de sentiments profonds réveillés…
    J’ai en effet eu la chance inouïe de rencontrer le cinéma polonais à la fin des années 70, dont une vague nommée à l’époque d’ « inquiétude morale », au temps où la Pologne s’est libérée hardiment du joug communiste, « sans peur » comme disait le pape polonais d’alors.!
    Je fus témoin chanceux de leurs obstinations, et je fus amenée par Krzystof Kieslowsk dans les caves qui s’ouvraient à Film Polski où s’est ouvert pour moi le » bunke »r qui tenait au secret les films jugés dangereux donc interdits….Quelle expérience, quelles découvertes, une pépite après l’autre…
    nous avons du fait eu l’honneur d’en montrer certains à Bruxelles en 1981, avec lévidemment les contemporains du temps de « solidarité » tels « ouvriers 80 de Wajda
    et bien d’autres: de Wajda, à Kieslowski, Holland, Szulkin…jusqu’aux cinéastes exprérimentaux tels Robakowski, (rencontré en 1974 dans un festival original rganisé par la cinémathèque royale belge…
    toute une belle histoire qui prend place évidemment dans la grande histoire,
    merci pour l’Ukraine voisine qui souffre aujourd’hui
    recevez mes respects
    maddy delsipée

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *