Olivier Père

Drive My Car de Ryûsuke Hamaguchi

Drive My Car (2021) propose la libre adaptation des trois nouvelles de l’écrivain Haruki Murakami parue dans le recueil Des hommes sans femmes. Le film s’intéresse à la relation qui se noue entre un metteur en scène solitaire et sa conductrice, une jeune femme porteuse d’un lourd secret. Cette œuvre magistrale primée pour son scénario au Festival de Cannes puis récompensée par l’oscar du meilleur film étranger aborde les questions du couple, de la sexualité, du travail au gré de ses différentes parties, et organise la rencontre entre théâtre et cinéma. Ryûsuke Hamaguchi, né en 1978, cinéphile depuis sa jeunesse, n’a jamais caché son admiration pour Éric Rohmer et surtout Jacques Rivette. Cela se ressent dans ses films toujours surprenants et aux choix non conventionnels, que ce soit dans leurs sujets, leurs durées ou leurs modes de narration. Drive My Car est son neuvième long métrage, mais ses premiers films, réalisés dans le cadre de ses études, ont connu une exploitation confidentielle. C’est Senses (Happy Hour, 2015), un film de 315 minutes découpé en 5 épisodes qui l’a révélé auprès de des critiques et des spectateurs occidentaux. Drive My Car est le film de la consécration. Après la présentation du personnage principal, un acteur et metteur en scène frappé par une succession de drames personnels, nous assistons aux répétitions d’une version moderne d’Oncle Vania de Tchekhov, par une troupe internationale à Hiroshima, un lieu hautement symbolique. Ryûsuke Hamaguchi est le nouveau grand cinéaste japonais, du moins le chef de file de la jeune génération du cinéma d’auteur nippon. Son art de la suggestion et ses talents de conteur font jaillir des moments d’émotion et de grâce absolues. Le film aborde de manière originale les thèmes du deuil, de la résilience et de la culpabilité, à travers les destinées de deux êtres blessés par la vie, qui n’étaient pas fait pour se rencontrer, mais vont s’entraider d’une manière inattendue.

 

Le nouveau et très beau film de Ryûsuke Hamaguchi, Le mal n’existe pas, est actuellement sur les écrans.

ARTE a édité un coffret qui regroupe trois films du début de la carrière de Ryûsuke Hamaguchi, avec un livret et des suppléments vidéo dans lesquels je m’étais longuement entretenu avec le cinéaste.

Diffusion de Drive My Car sur ARTE le mercredi 1er mai à 22h40. Également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv.

 

 

 

 

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