Olivier Père

Ça chauffe au lycée Ridgemont de Amy Eckerling

Un an avant Outsiders, trois ans avant Breakfast Club et St. Elmo’s Fire, une comédie américaine se révèle elle aussi une incroyable pépinière de jeunes talents aux portes de la célébrité, et s’impose comme une référence absolue du « teen movie ». Ça chauffe au lycée Ridgemont

(Fast Times at Ridgemont High, 1982) marque les débuts du scénariste Cameron Crowe (Jerry Maguire, Presque célèbre), qui adapte son propre roman, et de la réalisatrice Amy Eckerling (Allô maman, ici bébé, Clueless). Fast Times at Ridgemont High, considéré comme l’American Graffiti des années 80, conte les aventures tragi-comiques de lycéens californiens obsédés par le sexe, la drogue et le rock n’roll. Malgré sa très flatteuse réputation aux Etats-Unis, le film est demeuré longtemps inédit (et donc méconnu) en France avant de faire une apparition tardive en vidéo puis en blu-ray. Les jeunes Sean Penn, Judge Reinhold, Phoebe Cates, Forest Whitaker, Eric Stoltz, et bien sûr la géniale Jennifer Jason Leigh y crèvent l’écran, tandis que Nicolas Coppola (pas encore Cage) y fait une micro-apparition. Jennifer Jason Leigh, vingt ans au moment du tournage, y incarne une adolescente qui tombe enceinte peu de temps après avoir perdu sa virginité avec le play-boy du lycée (qui dévoile bientôt sa médiocrité et sa lâcheté) et choisit d’avorter, soutenue par sa meilleure amie. Ça chauffe au lycée Ridgemont est bien sûr un inestimable document sociologique sur les adolescents californiens des années 80, observés par Cameron Crowe qui est à peine plus âgé que ses protagonistes (23 ans) quand il écrit son premier roman, mélange d’enquête et de souvenirs personnels. Crowe ne procèdera pas autrement lorsqu’il se souviendra son expérience de critique rock dans le très réussi Presque célèbre en 2000. Le film est une petite merveille d’émotion, portée par des comédiens débutants qui servent remarquablement les dialogues et les situations écrites par Crowe et filmées par Amy Eckerling, toujours avec justesse. Ça chauffe au lycée Ridgemont surprend par sa franchise sexuelle et aborde sans fausse pudeur les fantasmes adolescents, la perte de la virginité, la piètre performance d’un dragueur invétéré et enfin l’avortement. On y compte plusieurs scènes de nu (féminin) et les suppléments nous rappelle qu’un bref « full frontal nudity » masculin dut être coupé au montage pour éviter un classement X aux Etats-Unis (la scène est proposée en bonus).

 

Ça chauffe au lycée Ridgemont est édité en combo DVD/BR par Élysées/Elephant Films.

Catégories : Actualités

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