Olivier Père

Pot-Bouille de Julien Duvivier

ARTE diffuse Pot-Bouille (1957) de Julien Duvivier lundi 10 janvier à 22h35. Le film sera suivi d’une rediffusion du documentaire de Pierre-Henri Gibert Danielle Darrieux, il est poli d’être gai ! Pot-Bouille peut être considéré comme la dernière grande réussite de Duvivier, dont la carrière avait commencé au temps du muet à la fin des années 10. Le cinéaste y retrouve Émile Zola qu’il avait déjà adapté en 1930 dans l’un de ses chefs-d’œuvre Au bonheur des dames, ultime long métrage de sa période muette, sonorisé ultérieurement. Dans la série des Rougon-Macquart, Pot-Bouille (1882) occupe la place centrale et est immédiatement suivi par Au bonheur des dames (1883). Les deux romans ont pour personnage principal Octave Mouret et se situent dans les milieux du commerce et de la bourgeoisie à Paris. Pot-Bouille s’intéresse aux habitants d’un immeuble cossu où vient s’installer le jeune provincial Mouret, tandis qu’Au bonheur des dames décrit les transformations urbanistiques et économiques de la capitale à travers la frénésie des activités d’un grand magasin de prêt-à-porter féminin. Pot-Bouille de Duvivier brosse le portrait d’un arriviste dont l’ascension sociale se fait par les femmes. Gérard Philipe interprète avec beaucoup de talent ce séducteur cynique et sans scrupule, prodigieusement doué pour les affaires et doté d’un profond mépris pour les femmes, qu’il ne cesse de manipuler. Pot-Bouille s’inscrit dans un courant caustique du cinéma français qui aime à dénoncer l’hypocrisie et la mesquinerie des bourgeois. On y retrouve la virtuosité de la mise en scène de Duvivier. Le cinéaste utilise avec brio toutes les possibilités d’un extraordinaire décor d’immeuble, que sa caméra explore étage par étage et qu’on ne quitte quasiment jamais tout au long du film. Pot-Bouille doit énormément à la verve de son scénariste et dialoguiste Henri Jeanson, célèbre pour ses mots d’esprit assassins, qui apporte beaucoup d’humour au film. Autour de Gérard Philipe gravite une constellation d’actrices extraordinaires, Danielle Darrieux bien sûr mais aussi Dany Carel, Jane Marken et Anouk Aimée.

Catégories : Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *