ARTE diffuse Le Colosse de Rhodes (Il colosso di Rodi, 1961) mercredi 30 juin à 13h30.
Dans le premier long métrage à porter sa signature, Sergio Leone est encore dans l’enfance du cinéma. Il s’amuse à casser les jouets fastueux du péplum, ses décors en carton-pâte et ses maquettes.
Élevé dans le milieu (et la passion) du cinéma, Sergio Leone devient à partir de 1946 assistant de De Sica, Blasetti, Camerini, Soldati, Gallone, avant de se spécialiser dans la direction des secondes équipes des superproductions hollywoodienne (Quo Vadis, Hélène de Troie, Ben Hur…) qui envahissaient Cinecittà dans les années 50. C’est alors la grande mode du péplum, et après avoir remplacé en 1959 Mario Bonnard tombé malade sur le tournage des Derniers Jours de Pompéi avec Steve Reeves, Leone réalise enfin son premier long métrage, Le Colosse de Rhodes en 1961. Il a 32 ans et bénéficie déjà d’une solide expérience professionnelle acquise au contact des grands réalisateurs italiens et américains. Très sceptique vis-à-vis des exploits des culturistes et de la décoration kitsch de ces production antiques, Leone tourne le péplum en dérision, avec une vision à la fois ironique et distancée qu’on retrouvera dans ses premiers westerns. Le Colosse de Rhodes devient avec Leone une transposition en toges d’un récit d’espionnage hitchcockien – on pense à La Mort aux trousses – et Rory Calhoun interprète un Cary Grant du pauvre, sorte de play-boy athénien ; le cinéaste italien se confronte déjà à son amour du cinéma américain et Le Colosse de Rhodes est truffé de références cinéphiliques. Le film répond néanmoins à son cahier des charges auprès du grand public – spectacle, décors monumentaux, scènes de destruction finale, action, violence – et c’est un succès. Leone refuse les propositions d’autres films d’aventures antiques pour s’atteler à un projet beaucoup plus personnel, un western à petit budget avec un jeune acteur américain tout droit sorti d’une série télévisée. On connait la suite !
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