Olivier Père

La Fleur du mal de Claude Chabrol

Dans le cadre de son cycle de quatre films consacré à Nathalie Baye, ARTE diffuse La Fleur du mal mercredi 16 juin à 20h55. Le film sera également disponible gratuitement  en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 22 juin.

La Fleur du mal, réalisé par Claude Chabrol en 2003, appartient à un corpus de films qui vient clore la longue et riche carrière du cinéaste français. Il y fait des infidélités à sa comédienne fétiche Isabelle Huppert en proposant à Nathalie Baye de jouer Anne, membre de la bourgeoisie bordelaise, mariée à un pharmacien prospère, qui entreprend une campagne pour les élections régionales. L’actrice trouve le ton juste et se glisse avec aisance dans l’univers de Chabrol. La visite express d’Anne dans une HLM, pour y solliciter les voix d’une population âgée et défavorisée, est un morceau d’anthologie. Le personnage qu’interprète Nathalie Baye échappe pourtant aux sarcasmes du cinéaste, et se révèle beaucoup moins ambigüe que les autres protagonistes de ce mystère familial. « Elle représente pour moi un personnage positif qui au moins essaie d’agir, même si son action a peu d’effets », dixit Chabrol. La Fleur du mal dévoile progressivement les anomalies d’une ascendance où s’opère un étrange héritage. Chabrol se penche sur la question de la culpabilité. Peut-elle se transmettre comme une maladie, de génération en génération ? C’est l’hypothèse de ce mystère familial, où des femmes vengeresses châtient à plusieurs décennies de distance des figures paternelles négatives. Le double point de départ du film est le retour du fils prodigue après une expérience américaine peu concluante (Benoit Magimel) et la découverte d’une lettre anonyme qui calomnie la famille et fait ressurgir un passé trouble enfui depuis la Libération. La suite de l’histoire ne va pas tarder à dévoiler des secrets plus intimes et récents, tant sur le plan sentimental que criminel.

Chabrol glisse un hommage à l’un de ses films préférés, Le Corbeau de Henri-Georges Clouzot. Il s’amuse à décortiquer les magouilles, arrangements et transgressions commises par des individus en apparence respectables, selon l’adage « un crime peut en cacher un autre ». Disciple d’Hitchcock, Chabrol mêle un humour décapant à la précision chirurgicale de sa mise en scène. Aux côtés de Nathalie Baye et Benoit Magimel, Suzanne Flon (pour sa dernière apparition à l’écran), Mélanie Doutey, Bernard Le Coq (parfait en patriarche jouisseur) et Thomas Chabrol livrent des compositions savoureuses.

 

La Fleur du mal vient d’être édité en DVD et Blu-ray par Carlotta dans un coffret de cinq films réunis autour du « suspense au féminin » chez Claude Chabrol.

Catégories : Actualités · Sur ARTE

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