L’Échange de Clint Eastwood

ARTE diffuse L’Échange (Changeling) dimanche 22 novembre à 20h55

Sorti en 2008, après sa présentation en compétition au Festival de Cannes, le vingt-huitième film de Clint Eastwood s’inspire de faits réels qui se sont déroulés en 1928 à Los Angeles. Christine Collins est mère célibataire et opératrice téléphonique. Un après-midi où elle a dû partir de chez elle pour faire des heures supplémentaires, son fils unique, âgé de neuf ans, disparait. Christine Collins alerte la police et multiplie les démarches pour le retrouver, en vain. Quelques mois plus tard, le LAPD lui restitue un enfant, mais ce n’est pas le sien. S’ensuit un véritable calvaire pour la jeune femme, internée de force dans un hôpital psychiatrique parce qu’elle ose contredire la police, embarrassée par une enquête bâclée. L’Échange dénonce la corruption de la hiérarchie politique et policière de la ville. La police y agit comme une puissance despotique et tentaculaire, dont les excès répressifs visent à supprimer non pas le crime mais la concurrence et toute forme d’opposition. Le courageux combat de Christine Collins pour faire éclater la vérité n’en apparait que plus admirable. Au travers du personnage de Christine Collins, remarquablement interprété par Angelina Jolie, Eastwood glorifie la résistance féminine dans un monde dominé par le sexisme. L’internement forcé était alors pratique courante dans certains états pour réduire au silence et à l’impuissance les prostituées ou les épouses désobéissantes. Le cinéaste a souvent critiqué les institutions et donné la part belle à des femme fortes dans ses films. Ces deux éléments constituent le cœur du récit de L’Échange. Il existe une troisième raison, sans doute la plus personnelle, qui permet de classe le film parmi les titres importants dans la carrière d’Eastwood. L’Échange s’inscrit dans la lignée d’Un monde parfait et de Mystic River. Le cinéaste y aborde une nouvelle fois le thème de l’enfance pervertie et confrontée à la violence, une manière pour lui de s’interroger sur la part d’ombre de l’humanité.