Pour clore son cycle consacré aux maîtres de l’horreur moderne, ARTE diffuse Sœurs de sang (Sisters, 1973) lundi 2 novembre à 23h30. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv jusqu’au 8 novembre. Une journaliste est témoin d’un meurtre commis dans un appartement voisin. Mais le cadavre est introuvable. Elle décide de mener sa propre enquête, sans savoir que la suspecte a une sœur jumelle… Sœurs de sang est le thriller inaugural du jeune Brian De Palma après ses essais underground et ses brûlots politiques. Même s’il s’agit d’un film fauché (premier titre important du producteur indépendant new yorkais Edward R. Pressman, la même année que La Balade sauvage de Malick) on y découvre la sophistication visuelle du cinéaste alliée à son goût pour le grotesque et le suspens, non exempt de cynisme. On peut parler au sujet de Sœurs de sang de la fameuse inspiration hitchcockienne qui colle encore à la réputation de De Palma. Il a en effet réalisé une série de films (Obsession, Pulsions, Body Double, plus le post scriptum dispensable L’Esprit de Caïn et l’auto-parodique Passion) qui se présentent comme des variations maniéristes, entre pastiche et relecture post moderniste, autour des chefs-d’œuvre d’Alfred Hitchcock. Ce projet absolument passionnant et unique a été longtemps incompris, sanctionné d’une accusation stupide de plagiat. Dans Sœurs de sang, De Palma « refait » à sa manière Psychose et Fenêtre sur cour mais sans jamais copier la mise en scène d’Hitchcock.
De Palma a étudié la grammaire hitchcockienne pour créer une œuvre originale, un cinéma qui prend ses racines dans l’effervescence créatrice et libertaire des années 60 pour ensuite évoluer vers un cinéma narratif qui a su intégrer aux codes du thriller certaines formes expérimentales (par exemple le split screen). De Palma ne cite pas que Hitchcock, il intègre sa connaissance de l’Histoire du cinéma à ses propres films et envisage son travail de cinéaste comme une appropriation de certains titres matriciels. On parle beaucoup de la découverte de De Niro par De Palma mais on oublie de rappeler qu’il a également confié des rôles importants à l’excellent acteur Charles Durning qui a d’abord joué dans Hi, Mom !, Sœurs de sang (où il interprète le détective privé) puis Furie (The Fury, 1978) avant d’être employé par d’autres grands cinéastes plus âgés comme Billy Wilder, Robert Wise, Sidney Lumet et surtout Robert Aldrich, et poursuivre une brillante carrière de second rôle dans les années 80 et 90.
Bonjour,
De Palma est-il votre réalisateur préféré ?
Je crois me souvenir l’avoir lu sur votre ancien site.
Dans tous les cas, je vous conseille vivement de revoir (à la hausse, j’espère !) Raising Cain, dans son nouveau montage (confectionné par un fan à partir des souhaits initiaux de De Palma, puis validé par le cinéaste en personne !). Le film est un vrai régal.
Il a été mon cinéaste préféré pendant longtemps, maintenant c’est beaucoup moins sûr, d’ailleurs j’aime trop le cinéma pour avoir un seul réalisateur préféré. Disons que Phantom of the Paradise a été le premier grand choc de ma vie de cinéphile et je suis resté très fidèle à ce titre qui compte encore parmi mes films de chevet. Il y a aussi Carrie, Blow Out, Scarface, Furie et Body Double que j’adore. Après le milieu des années 80 mon rapport avec De Palma est devenu plus distant, voire sceptique ou réprobateur. Le film que vous citez, Raising Cain, m’a déçu dans ses différentes versions. je n’arrive pas à m’y intéresser. Il y a encore des beaux moments dans MISSION TO MARS, pourtant considéré comme un mauvais film, mais que j’aime bien. C’était sans doute l’un des cinéastes américains les plus doués de sa génération, mais il a subi trop d’échecs critiques et commerciaux dans son pays pour pouvoir mener sa carrière comme il l’entendait.