Olivier Père

Enemy de Denis Villeneuve

ARTE diffuse mercredi 14 octobre à 20h55 Enemy, réalisé en 2013 par Denis Villeneuve. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage jusqu’au 20 octobre sur ARTE.tv.

C’est peut-être le meilleur film du cinéaste canadien, librement adapté du roman L’Autre comme moi de l’écrivain portugais José Saramago, Prix Nobel de littérature. De son propre aveu, Villeneuve s’est emparé du livre de Saragamo pour exprimer dans Enemy des émotions et des expériences largement autobiographiques, relatives à la conjugalité et à la masculinité. Enemy, ou comment raconter une histoire simple d’infidélité et de couple, mais de manière fascinante et totalement imprévisible, aux confins du cinéma fantastique. Un professeur timoré, insatisfait de sa vie professionnelle et sentimentale, découvre par hasard l’existence d’un acteur de seconde zone, fantasque et volage, qui lui ressemble trait pour trait. Il mène une enquête et parvient à entrer en contact avec son sosie, dont la ravissante épouse est enceinte. Le réalisateur canadien Denis Villeneuve renouvelle avec beaucoup de talent le thème du double au cinéma. Il est plus exact de parler de dédoublement et de projection mentale au sujet d’Enemy, qui explore la psyché d’un homme englué dans une situation inextricable. Dans le sillage d’Hitchcock et de Polanski, Villeneuve signe un thriller psychologique raconté du point de vue du subconscient de son personnage principal, remarquablement interprété par Jake Gyllenhall. Construit comme un labyrinthe énigmatique, Enemy dresse le portrait d’un homme en lutte contre ses propres démons, terrorisé par ses devoirs d’homme, d’époux et de futur père. Les visions d’araignées dans le film symbolisent son angoisse devant les femmes de sa vie, mère, épouse et maîtresse. L’aranéide géante qui apparaît furtivement au milieu de gratte-ciels est inspirée par la sculpture monumentale de la plasticienne Louise Bourgeois, justement intitulée « maman ». La crainte des femmes et le fardeau qu’elles représentent pour Adam/Anthony ouvre dans Enemy une perspective crypto-gay, encouragée par plusieurs scènes d’intimité clandestine (chambre d’hôtel, ascenseur) et de conversations codées entre hommes.

 

 

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