Olivier Père

Spartacus de Stanley Kubrick

Dans le cadre de la programmation « Summer of Dreams », ARTE rediffuse dimanche 5 juillet à 21h un grand péplum hollywoodien pas comme les autres, Spartacus (1960).

Le projet de Spartacus est étranger à Stanley Kubrick et c’est en cours de tournage que Kirk Douglas, star et producteur du film contacte l’auteur des Sentiers de la gloire. Il recherche en Kubrick un complice plus obéissant et adapté que le vétéran Anthony Mann, en désaccord avec sa vision du gladiateur révolté et surtout pas assez rapide et malléable. Douglas assume la responsabilité de se séparer à l’amiable du maître du western après le tournage de plusieurs scènes importantes, parmi lesquelles une grande bataille et l’ouverture du film. Kubrick accepte de le remplacer et se retrouve à 28 ans à la tête d’une superproduction hollywoodienne. S’il s’adapte sans aucun problème aux contraintes d’un gros budget, il ne se soumet en aucune façon au contrôle de Douglas et se révèle bientôt aussi capricieux que la star. Le résultat final sera un succès commercial mais ne suscite qu’un enthousiasme modéré de la critique et des cinéphiles, qui distinguent mal les ambitions politiques du projet (adapté d’un roman de l’écrivain marxiste Howard Fast, scénarisé par le « black listé » Dalton Trumbo) des conventions kitsch du péplum hollywoodien. Quand on revoit le film aujourd’hui les combats dans l’arène, la transformation des esclaves en machines à tuer, l’ordonnance quasi géométrique de la scène de bataille finale sont pourtant de purs moments de cinéma kubrickien, qui anticipent les bagarres d’Orange mécanique, les duels de Barry Lyndon, les ballets spatiaux de 2001, l’odyssée de l’espace ou l’entraînement des recrues de Full Metal Jacket. En revanche, le message humaniste de Spartacus semble bien étranger aux préoccupations de Kubrick, qui préféra toujours s’intéresser aux antihéros grotesques ou névrosés plutôt qu’aux chefs messianiques. Devenu un classique, Spartacus est aussi un beau film, résultat d’une collaboration très tendue entre l’acteur aux idées progressistes et le jeune et génial artiste, qui peinera à cacher son scepticisme devant la validité d’une telle entreprise, et rechignera toute sa vie à inclure Spartacus dans sa filmographie officielle.

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Un commentaire

  1. derouet dit :

    Ce film est réalisé un peu à la même époque que la Chute de l’Empire romain d’Anthony Mann. Et il est commencé par A Mann, il ne reste que le premier quart d’heure tourné par lui.
    Le film est voulu par Douglas et Trumbo qui sont très à gauche, Howard Fast (Les Cheyennes) le romancier aussi, évidemment cela donne une orientation politique a la production !
    La fin non historique est cependant intéressante : Spartacus est mis en croix avec sa compagne et fils à ses pieds. On a bien la Mère toujours au pied de la croix, mais c’est le Père qui est crucifié et non le fils !  Une sorte de passion inversée. Vous me direz que le schéma christique est respecté puisque le Père qui est en haut et le Fils en bas ! D’après Tacite, Spartacus est mort au combat. 
    Interprétation prestigieuse de Kirk Douglas, Laurence Olivier, Peter Ustinov, Charles Laughton. Avez-vous remarqué que les chefs romains sont tous interprétés par des Britanniques et les esclaves par des Américains !
    Dans ce film, pas mon préféré de Kubrick là au moins les combats avec les gladiateurs sont malgré quelques libertés mieux respectés que ceux assez délirants de Gladiator ! Très beaux plans sur le déploiement des légions romaines vers la fin du film, contrairement aux aberrations de Gladiator avec sa piètre reconstitution avec l’idée que c’était la cavalerie romaine qui gagnait les batailles ! 
    Alors que dans le roman l’homosexualité est présente, elle n’apparaît dans la version DVD intégrale du film.
    La version de Riccardo Freda est à voir.  

    Livres :  
    Kubrick de Michel Ciment.
    Péplum, un mauvais genre de Claude Aziza.

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