A l’occasion de la diffusion d’un documentaire inédit, Friedkin Uncut (dimanche 31 mai à 23h25), ARTE propose de revoir French Connection (1971) lundi 1er juin à 22h15. Pour son premier grand succès, William Friedkin s’empare d’une affaire criminelle réelle, survenue à New York dix ans plus tôt. A l’époque, la consommation d’héroïne se développe de façon spectaculaire dans la ville, et avec elle la violence et l’insécurité. Le jeune réalisateur s’adjoint des services des deux vrais enquêteurs qui vont servir de conseillers techniques sur le tournage. Ils seront interprétés à l’écran par Gene Hackman (le flic tête brûlée) et Roy Scheider (plus respectueux du règlement de la police).
Le flic Popeye Doyle et son coéquipier partent en guerre contre un trafiquant de drogue international et remontent la filière marseillaise. French Connection demeure, avec L’Exorciste deux ans plus tard, le titre le plus célèbre de Friedkin avec 5 Oscars, parmi lesquels celui du meilleur film, du meilleur acteur (pour Hackman) et du meilleur réalisateur. French Connection peut être considéré comme l’aboutissement moderne des polars sociaux produits par la Warner dans les années 30-40. Même réalisme documentaire dans la progression de l’enquête et la description des méthodes policières, même violence sèche. Mais ce film est aussi le reflet de son époque, et de la personnalité de son auteur. Ses antihéros portent le poids du désenchantement et de la lassitude des années 70. Le cinéma américain est entré dans l’ère du doute et de l’ambiguïté. De French Connection à Killer Joe, William Friedkin a toujours exploré ses thèmes de prédilection : la folie, l’enfer, la frontière étroite qui sépare la réalité du cauchemar, le Bien du Mal.
Friedkin, qui fit ses armes à la télévision, impose son style direct, entre hyperréalisme et hallucination. La course-poursuite en voiture sous le métro aérien de New York est un modèle du genre. Friedkin, embarque sa caméra dans une voiture lancée à tombeau ouvert dans la circulation de la ville, sans cascadeur et en bafouant les plus élémentaires consignes de sécurité. Le résultat, amplifié par un montage frénétique, est impressionnant.
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