Dans le cadre de la 70ème édition de la Berlinale, qui se déroulera du 20 février au 1er mars 2020, ARTE diffuse mercredi 26 février à 20h55 Journal d’une femme de chambre de Benoit Jacquot, qui y avait été découvert en compétition en 2015. Après Jean Renoir et Luis Buñuel, Benoit Jacquot adapte à son tour le roman d’Octave Mirbeau, publié en 1900. Jacquot se montre plus fidèle au texte original, à l’époque et à la vie de province décrites par l’écrivain, sur fond d’affaire Dreyfuss, que ses illustres prédécesseurs. Il n’empêche que le cinéaste n’a aucun mal à s’approprier un matériau littéraire puissant et inspirant. Cette colère contre un ordre social injuste et hypocrite que dépeint Mirbeau trouve dans la période actuelle de troublants échos, notamment à propos de l’antisémitisme et de la haine de classe. Benoit Jacquot adopte une narration faite de ruptures et d’accélérations, qui brise volontairement l’organisation classique de ce genre de films français en costumes. Les souvenirs de Célestine jaillissent au fil du récit, d’une manière non conventionnelle. L’évocation de ses emplois précédents, sur laquelle planent le désir, la honte et la mort, permet de dresser un tableau cruel d’une bourgeoisie triomphante, de faire surgir des personnages grotesques ou inquiétants, travaillés par des pulsions morbides et sexuelles. Benoit Jacquot accomplit dans Journal d’une femme de chambre ce qu’il sait le mieux faire : suivre au plus près une actrice, qui apporte beaucoup de modernité à son personnage et inspire au cinéaste un mélange d’admiration et de fascination. Léa Seydoux insuffle au film une énergie rapide et brutale. En perpétuel déplacement, elle navigue dans les eaux troubles des passions humaines. L’actrice exprime admirablement par son corps et son regard la détermination sauvage de Célestine, prête à tout, y compris au pire, pour échapper à sa condition de domestique.
Journal d’une femme de chambre de Benoit Jacquot
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