ARTE diffuse Quai d’Orsay (2013) de Bertrand Tavernier mercredi 9 octobre à 20h55.
Bertrand Tavernier crée la surprise en adaptant une bande dessinée à succès, Quai d’Orsay, sur les coulisses du Ministère des Affaires Étrangères. Pourtant, à y regarder de plus près, le film répond à l’intérêt constant de Tavernier pour les coulisses du pouvoir (Que la fête commence), les institutions républicaines (L.627, Ça commence aujourd’hui) et surtout à son obstination à filmer des hommes et des femmes au travail, dans l’intimité de leur profession. Ce qui distingue Quai d’Orsay des films précédents de Tavernier, c’est essentiellement une orientation comique de chaque instant, qui reprend l’esprit de la bande dessinée : traiter avec humour un sujet sérieux. Le point de vue est celui d’un jeune diplômé de l’ENA, nouveau « chargé de langage » du chef de la diplomatie. Hyper-documenté, le film n’en adopte pas moins une mécanique burlesque absolument jubilatoire. Dans le rôle de Alexandre Taillard de Worms, ministre survolté et éloquent inspiré par Dominique de Villepin, Thierry Lhermitte livre une performance étourdissante. Son directeur de cabinet, l’excellent Niels Arestrup, doit déployer des trésors de patience pour fixer l’attention de l’impétueux politicien. Souvent hilarant, Quai d’Orsay n’a pourtant rien d’une charge contre la diplomatie française. Le film montre au contraire le travail difficile de l’écriture d’un discours devant le conseil de sécurité des Nations Unies, moment fort et visionnaire dans une situation de crise internationale. La fantaisie dont fait preuve Tavernier dans ce film s’accompagne de son habituel souci du réalisme : Le discours prononcé à la fin du film par le ministre des Affaires étrangères reprend les mots d’un discours réellement prononcé par Dominique de Villepin, le 14 février 2003 à l’ONU, contre une intervention militaire en Irak, pays accusé faussement par les États-Unis et leurs alliés de détenir des armes de destruction massive.
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