ARTE diffuse Bronco Billy (1980) lundi 30 septembre à 20h55.
Dès le début de sa carrière de cinéaste, Clint Eastwood a aimé alterner les films de genre, principalement des westerns et des thrillers, et des projets dévoilant une sensibilité et une personnalité beaucoup moins monolithiques que ne le laissait suggérer ses performances d’acteur chez Sergio Leone. En 1980, Clint Eastwood ne bénéficie pas encore du statut d’auteur, ni même de celui de grand cinéaste, sauf pour quelques cinéphiles. Bronco Billy est déjà son septième long métrage. Il y nuance son image de dur, et prolonge une veine intimiste entamée avec Breezy dès 1973. Bronco Billy illustre un thème galvaudé par les néo-westerns de la décennie précédente : la fin de l’Ouest et la dégradation de ses mythes. Eastwood choisit une approche légère, qui tranche avec le ton crépusculaire de ses propres réalisations ou de celles de Sam Peckinpah. Eastwood interprète un faux cow boy (il avouera être né dans une grande ville) qui dirige un petit cirque western composé de déclassés et de marginaux incapables de s’adapter au monde moderne. Bronco Billy est un film très émouvant, qui se permet des scènes comiques, dans la tradition des « screwball comedies » hollywoodiennes des années 30 et 40. Les scènes de dispute entre Eastwood et Sondra Locke, qui joue une bourgeoise en fuite, évoquent les meilleures réussites de Frank Capra ou Preston Sturges. Malgré des intermèdes burlesques, c’est le registre sentimental, inhabituel chez Eastwood qui domine. L’éternel masochisme de la star se teinte cette fois-ci de mélancolie. En campant un chef de groupe un peu paternaliste mais dépassé par les événements, au cœur d’une petite communauté anachronique, représentative d’un melting pot miniature, Eastwood se rapproche de Ford et délaisse ses interprétations de misanthropes solitaires. Bronco Billy constitue également, du propre aveu du réalisateur, un hommage discret à La strada de Fellini, version americana.
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