ARTE diffuse Merci pour le chocolat (2000) de Claude Chabrol mercredi 19 juin à 20h55. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE.tv.
Merci pour le chocolat est tiré d’un roman de Charlotte Armstrong, The Chocolate Cobweb, publié en 1948. La romancière américaine avait déjà été adaptée à l’écran par Chabrol en 1970 – La Rupture, d’après Le Jour des Parques. Chabrol a confessé n’avoir retenu que la moitié du roman d’Armstrong, et inventé l’autre avec sa scénariste Caroline Eliacheff. L’argument du livre est un point de départ qui permet au réalisateur de s’installer dans une de ces atmosphères bourgeoises et confortables qu’il affectionne, et qui dissimulent les pires turpitudes. Chabrol transpose l’action en Suisse, un pays idéal pour signifier que le vice et la cruauté peuvent se tapir sous le vernis de la douceur de vivre, et place ses personnages dans une luxueuse villa sur les bords du lac Léman. André Polonski (Jacques Dutronc) est un pianiste virtuose, de renommée internationale. D’abord marié avec Mika (Isabelle Huppert), directrice d’une grande entreprise de chocolat suisse, il l’a quittée pour Lisbeth, avec qui il a eu un fils, Guillaume. Lorsque Lisbeth est morte dans un accident de voiture, c’est presque naturellement qu’il s’est remarié avec Mika. Ce petit équilibre se trouve soudainement remis en cause par l’arrivée de Jeanne (Anna Mouglalis), une jeune pianiste, elle aussi virtuose, qui pourrait être la fille d’André…
Pour sa sixième et avant-dernière collaboration avec Isabelle Huppert, Chabrol confie à son actrice de prédilection un rôle fascinant, monstre de dissimulation et de manipulation. C’est souvent le désir de travailler avec Isabelle Huppert qui a motivé chez Chabrol la mise en chantier d’un nouveau film. Merci pour le chocolat ne déroge pas à cette règle, et confirme la complicité et l’admiration réciproques entre elle et lui. Placé sous le triple signe de l’intrusion parasitaire, du dérèglement et de la folie régressive, Merci pour le chocolat provoque un délicieux vertige, et confirme la magistrale science de la mise en scène de Chabrol, qui oppose aux fantasmes et délires de ses personnages, entraînés dans des fictions virtuelles, la dimension tragique du réel.
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