Olivier Père

Sur les quais de Elia Kazan

ARTE consacre la soirée du lundi 29 avril à Marlon Brando, avec la diffusion à 22h45 de Sur les quais (On the Waterfront, 1954), suivi à 0h30 d’un documentaire sur l’acteur américain, Marlon Brando, un acteur nommé désir (2013) de Philippe Kohly.

Produit par Sam Spiegel pour la Columbia, Sur les quais est une date importante dans les carrières de Marlon Brando et d’Elia Kazan. Pour l’acteur, il s’agit d’une consécration. Sa performance, d’une modernité et d’une puissance inouïes, sera unanimement saluée, et lui vaudra son premier oscar. Pour Kazan, Sur les quais est une réponse à l’opinion publique qui lui reprochait d’avoir témoigné devant la Commission des Activités Anti-Américaines, à l’instar du scénariste du film, Budd Schulberg, ancien communiste qui manifesta son désaccord envers le parti et ses dérives staliniennes. Le chemin de croix de Terry Malloy, un jeune docker qui choisit de dénoncer à la police les crimes de syndicalistes corrompus, permet au cinéaste de légitimer sa décision, perçue par beaucoup comme une trahison. Au-delà de son contexte polémique, Sur les quais est un chef-d’œuvre, une tragédie prolétaire dont le succès repose aussi sur la manière dont Kazan ancre l’action dans des décors naturels, loin des artifices hollywoodiens. On peut voir dans Sur les quais la matrice de tout le cinéma de Scorsese, qui lui aussi a filmé les quartiers populaires de New York dans un style néo-réaliste, à ses débuts (Mean Streets).

Les acteurs qui entourent Brando, Karl Malden, Lee J. Cobb, Rod Steiger et Eva Marie Saint dans son premier rôle à l’écran sont eux aussi exceptionnels. La scène de discussion à l’arrière d’une voiture entre Brando et  Steiger qui interprète son frère, deux adeptes de la méthode de l’Actors studio, est réellement impressionnante et mériterait d’être étudiée dans toutes les écoles d’acteurs.

 

 

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