Flic Story de Jacques Deray

Flic Story est l’adaptation au cinéma du récit autobiographique de Roger Borniche, réalisée en 1975 par Jacques Deray. Il est diffusé sur ARTE dimanche 31 mars à 20h50, en ouverture de notre désormais traditionnel « printemps du polar ».

Alain Delon est l’inspecteur Borniche, un flic anticonformiste bientôt spécialisé dans la répression du grand banditisme. Jean-Louis Trintignant est Émile Buisson, ennemi public numéro un capable d’exécuter complices et témoins gênants de sang-froid. Le film relate avec exactitude la traque de Borniche pour neutraliser Buisson et sa bande. Elle durera trois ans, de septembre 1947 à juin 1950. Deray signe un film sobre, haletant. Il y plane le souvenir encore à vif des agissements de la pègre pendant l’occupation allemande, des luttes fratricides entre résistants et collaborateurs. Une nouvelle vague de violence frappe le pays au lendemain de la Libération. Il constitue ainsi un prolongement logique aux deux Borsalino produits par Delon et réalisés par Deray, situés dans les années 30. Buisson, évadé d’un asile psychiatrique, tue pour l’argent, mais aussi par plaisir. Dans ce type de production commerciale il est courant d’associer deux vedettes dans des rôles antagonistes. Delon dans les films qu’il contrôlera de A à Z prendra parfois le soin d’y inviter un acteur ou une actrice capable de lui tenir tête, par son talent et son charisme. Ce qu’il avait raté avec Belmondo et Borsalino, Delon le réussit avec Trintignant et Flic Story. Sans doute parce que les acteurs ne partagent que très peu de scènes. Cela permet à Jean-Louis Trintignant de s’emparer d’une bonne partie du film, dans laquelle il compose un terrifiant criminel psychotique. De son côté, Alain Delon est parfaitement convaincant en policier déterminé. Flic Story demeure une référence en matière de polar français.