Olivier Père

Les Bruits de Recife de Kleber Mendonça Filho

ARTE diffuse Les Bruits de Recife (O Som ao Redor, 2012) de Kleber Mendonça Filho mercredi 27 février à 23h20, juste après Aquarius. Les deux premiers films du réalisateur brésilien seront également disponibles gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur ARTE.tv.

« La vie dans un quartier de classe moyenne de la zone sud de Recife est perturbée par l’arrivée d’une société de sécurité privée. La présence de ces hommes est source de tranquillité pour certains et de tension pour d’autres, dans une communauté qui semble avoir beaucoup à craindre. »

Le Bruits de Recife, sans intrigue ni héros, propose une succession de micro-événements qui finissent par dessiner une vaste tapisserie à l’échelle de toute une ville, et pourquoi pas de tout un pays. Le film s’intéresse à la vie en société au Brésil, à partir du sentiment d’insécurité qui envahit un quartier résidentiel surveillé par une milice privée. L’urbanisme occupe une fonction narrative dans le film. Le positionnement des personnages dans des espaces architecturaux est très révélateur de leur statut social. Il nous raconte les rapports de classes notamment entre les maîtres de maisons et les domestiques. Le cinéaste explicite les principes verticaux et hiérarchiques de la société brésilienne en choisissant les bons cadrages, la place des corps dans le plan, sans avoir recours à des dialogues explicatifs. Le film nous parle aussi des racines de l’histoire du Brésil, avec l’esclavage qui hante le film, omniprésent mais invisible, comme la douleur fantôme d’un membre amputé. Les Bruits de Recife a été parfois défini comme une telenovela réalisée par John Carpenter. Les Bruits de Recife n’est pas exempt d’une dimension fantastique qui surgit de la seule utilisation de l’écran large, des ambiances visuelles et sonores qui font décoller le film de son ancrage sociologique pour lui conférer des qualités d’abstraction et d’onirisme.

 

 

 

 

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