Olivier Père

Terminator 2 : le jugement dernier de James Cameron

ARTE diffuse Terminator 2 : le jugement dernier (Terminator 2: Judgement Day, 1991) dimanche 10 février à 20h55. Le film sera suivi d’un documentaire inédit La fabrique d’Arnold Schwarzenegger de Jérôme Momcilovic et Camille Juza. Momcilovic avait déjà consacré en 2016 un essai à la superstar d’origine autrichienne, Prodiges d’Arnold Schwarzenegger (éditions Capricci) dans lequel il démontrait combien la filmographie de l’acteur épousait les métamorphoses du divertissement hollywoodien et plus profondément, celles des évolutions technologiques qui ont transformées nos vies et notre perception de l’humain entre la fin du XXème et le début du XXIème siècle, avec toutes les craintes et les espoirs que cela implique. Génétique, robotique, univers virtuels furent les prophéties annoncées par le cinéma de science-fiction hollywoodien des années 80 à 2000. Et le corps d’Arnold Schwarzenegger fut au centre de ce cinéma durant cette période. Culturiste devenu acteur, il a symbolisé le renouveau des blockbusters d’action. Il accède au vedettariat en incarnant deux personnages destinés à devenir des icônes de la culture populaire. D’abord Conan le barbare pour John Milius, Schwarzenegger connait un tournant important dans sa carrière en interprétant un cyborg venu du futur dans Terminator (1984) de James Cameron. Le héros musclé mais vulnérable devient un homme-machine, une force programmée pour tuer et indestructible. La suite du premier Terminator, sept ans plus tard, est une date dans l’histoire de la science-fiction et des effets spéciaux. Les coûts de production, 102 millions de dollars, en font à l’époque de sa réalisation le film le plus cher jamais tourné. Ce budget colossal est partiellement alloué à la création de trucages révolutionnaires. L’animation en images de synthèse, le « morphing », permet d’obtenir à l’écran la transition d’une forme à une autre, sans apport d’effet mécanique ou de plan de coupe. Cette avancée technologique est au cœur du projet mais aussi du scénario du film, puisque Terminator 2 oppose en un combat dantesque deux générations de cyborgs : le T-800 (Schwarzenegger) et le T-1000, plus sophistiqué et redoutable, constitué de métal liquide, capable d’imiter un être humain ou de se transformer en arme. D’assassin dans le premier film, Schwarzenegger devient dans cette suite un ange protecteur chargé d’assurer la survie d’un enfant destiné à sauver le monde à l’âge adulte. La réussite exceptionnelle de Terminator 2 ne réside pas exclusivement dans ses innovations visuelles exhibées dans des scènes spectaculaires. James Cameron y confirme son statut de cinéaste visionnaire, maître de la pyrotechnie mais aussi des grands sentiments. Les paradoxes temporels, la peur de l’Apocalypse et les éléments messianiques permettent de rattacher le film de Cameron aux extravagants mélodrames-catastrophes de Cecil B. De Mille, tandis que son sens de l’action hard boiled doit beaucoup à John Carpenter. Le mélange de fascination et d’angoisse devant les machines futuristes et la fin du monde rapproche Cameron de Stanley Kubrick, dont les films Docteur Folamour et 2001, l’odyssée de l’espace ont influencé le réalisateur de Terminator.

Quant à Schwarzenegger, il livre dans Terminator 2 une performance plus complexe qu’il n’y paraît. Le film opère un mouvement d’humanisation de son personnage de cyborg, transformé en figure paternelle de substitution aux yeux du jeune John Connor. Il y est également soumis à des supplices et mutilations, corps mécanique endommagé par son ennemi, ce qui lui confère une dimension christique. Le « chêne autrichien » tempère la violence et l’ambiance anxiogène du film, véritable course contre la mort, par une solide dose d’humour et d’auto-ironie qui allait devenir son signe caractéristique dans les films à venir.

 

 

 

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