Olivier Père

Maximum Overdrive de Stephen King

Je n’avais jamais vu Maximum Overdrive, l’unique film réalisé par Stephen King, sorti en France en novembre 1987. Cette lacune est désormais comblée grâce à l’éditeur ESC qui vient de le proposer à la vente en Blu-ray. Le film traîne une réputation épouvantable, en partie relayée par son propre auteur, pas très fier de son travail de metteur en scène. Maximum Overdrive est produit par Dino De Laurentiis, comme d’autres adaptations de romans de Stephen King dans les années 80 (Dead Zone, Firestarter, Cat’s Eye). Confier à Stephen King en personne la réalisation de son scénario tiré de sa propre nouvelle Trucks, n’était peut-être pas l’idée du siècle. Les amateurs de fantastique qui s’attendaient à un film terrifiant furent déçus. Maximum Overdrive est une farce qu’il vaut mieux ne pas prendre trop au sérieux. L’argument de départ, la révolte des machines contre les humains, permet une accumulation de scènes absurdes et sanglantes qui culmine par le siège d’une station-service par des poids-lourds menaçants. Stephen King mêle l’humour et la violence comme c’était la mode à l’époque, mais avec une vulgarité assez inhabituelle. L’aspect caricatural des personnages et l’outrance des situations évoquent davantage un film Troma (avec des moyens) ou Cannon qu’une production Dino De Laurentiis, pourtant guère frileux en débauche de mauvais goût, comme en témoignent Conan le destructeur, Kalidor, la légende du talisman ou Peur bleue. C’est d’ailleurs dans ses excès et sa bêtise revendiquée que Maximum Overdrive finit par emporter l’adhésion. King signe un film idiot, mal élevé, qui ose tout et agresse le spectateur par son sadisme, sa cruauté et son humour rigolard. On y trouve un catalogue assez détaillé de blessures et de morts atroces. Un rouleau compresseur écrabouille un enfant, un couteau électrique cisaille le bras d’une serveuse, une canette de soda défonce la tête d’un homme. King s’amuse même à appliquer aux machines meurtrières un anthropomorphisme à la Disney : une mitrailleuse émet un rot sonore après avoir vidé ses chargeurs sur des cibles humaines. King a fini par avouer qu’il avait tourné son film sous cocaïne et qu’il ne savait plus très bien ce qu’il faisait. Lorsque le propriétaire de la station-service empoigne un lance-roquette issu de l’arsenal militaire qu’il cache dans sa cave et fait exploser un camion rempli de rouleaux de papier toilette, le spectateur prend conscience des dégâts provoqués sur le cerveau par certaines substances. On peut entendre dans Maximum Overdrive la seule bande originale composée par le groupe de heavy Metal australien AC / DC. La photographie du film est signée Armando Nannuzzi, que la carrière internationale aura conduit des chefs-d’œuvre de Visconti (Sandra, Ludwig) à Stephen King, en passant par La Cage aux folles d’Edouard Molinaro et Liberté, égalité, choucroute de Jean Yanne.

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