Olivier Père

Pauline à la plage de Éric Rohmer

ARTE diffuse Pauline à la plage (1983) lundi 21 janvier à 22h45, dans le cadre de son hommage à Éric Rohmer. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage pendant sept jours sur le site d’ARTE.

Une jeune femme en instance de divorce et sa cousine adolescente passent leurs vacances sur la côte normande. Elles vont faire trois rencontres masculines et des intrigues amoureuses et sentimentales vont naître entre ces personnages, au gré des mensonges, entreprises de séduction, scènes de jalousie, manipulations et trahisons.

Pauline à la plage, l’un des chefs-d’œuvre de son auteur, possède les qualités d’un manifeste esthétique. Originellement conçue pour le théâtre dans les années 40, puis portée à l’écran, l’histoire de cette jeune fille témoin et actrice de chassés-croisés amoureux dégage une impression de spontanéité, d’improvisation et de hasard alors que le moindre élément visuel ou narratif est parfaitement agencé par le cinéaste conteur. Il faut aussi souligner l’importance des couleurs dans les films de Rohmer en général, et son travail avec le grand directeur de la photographie Néstor Almendros et l’influence de Matisse sur Pauline à la plage en particulier. Rohmer et Almendros attribuent une couleur particulière à chacun des trois hommes du film, bleu, blanc et rouge en référence au tableau « La blouse roumaine » (1940). Comme dans les autres films de la série « Comédies et Proverbes » Rohmer débute Pauline à la plage par une citation, « Qui trop parole, il se mesfait », attribuée à Chrétien de Troyes. C’est en effet la logorrhée des protagonistes qui déclenche des catastrophes. Incapables de garder un secret, ou de bien interpréter ce qu’ils voient, aveuglés par leurs passions, leurs propos bouleversent l’équilibre naturel des corps et des sentiments. C’est finalement un non-dit de Pauline qui permettra aux deux jeunes femmes de sortir la tête haute d’aventures estivales où les hommes se conduisent comme des prédateurs ou des prétendants trop possessifs. Pauline à la plage est l’un des films de Rohmer les plus lumineux, les plus drôles, les plus sensuels aussi, notamment grâce à la beauté juvénile d’Amanda Langlet, Arielle Dombasle ou Pascal Greggory, irrésistibles.

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