Dans le cadre de son « Summer of Lovers », ARTE diffuse Certains l’aiment chaud (Some Like It Hot, 1959) de Billy Wilder dimanche 12 août à 20h50, suivi d’un documentaire sur Marilyn Monroe.
Chicago, 1929 : témoins involontaires d’un massacre perpétré par des gangsters, deux musiciens de jazz, Joe et Jerry se déguisent en femmes et intègrent un orchestre féminin en direction de Miami pour échapper à la pègre. Placés dans une situation inédite qui les soumet à de nombreuses tentations, les deux amis tombent amoureux de la chanteuse du groupe, Sugar. Joe a l’idée de séduire la jeune femme en prenant l’identité d’un richissime célibataire, tandis que Jerry est courtisé malgré lui par un vieux milliardaire très entreprenant.
Le travestissement est un éternel ressort comique, exploité jusqu’à la corde, avec néanmoins, assez régulièrement, des réussites éclatantes sous la responsabilité d’acteurs et d’auteurs talentueux.
Certains l’aiment chaud est l’une de ces réussites, c’est même le titre étalon d’un genre (la « comédie du travestissement »), avec le splendide Victor Victoria de Blake Edwards (1982). Ecrit par Billy Wilder et son fidèle scénariste I.A.L. Diamond, Certains l’aiment chaud est un « remake » inavoué de Fanfare d’amour de Richard Pottier (1935). Billy Wilder avait déjà illustré les thèmes du déguisement et de l’ambigüité sexuelle avec le mineur Uniformes et jupons courts (1942) où une jeune femme s’habillait en fillette afin de resquiller dans un train. Certains l’aiment chaud est l’un des triomphes commerciaux de Billy Wilder et aussi un film pivot dans sa carrière, entre les classiques des années 40 et 50 et des films plus délurés et audacieux des années 60 et 70 qui ne rencontreront pas le même écho auprès du public et qui sont peut-être les meilleurs et les plus personnels du cinéaste. Il semblerait que les derniers films de Billy Wilder souffrent encore de la comparaison avec Boulevard du crépuscule ou Certains l’aiment chaud. Sans minimiser les qualités de ces chefs-d’œuvre de noirceur ou d’humour (et parfois les deux à la fois), on est en droit de leur préférer une poignée de films tardifs dans lesquels l’intelligence et la cruauté de Wilder se teintent d’une mélancolie déchirante.
Certains l’aiment chaud, au-delà de son statut iconique, est un film étrange dont le succès et la popularité reposent sur un audacieux mélange des genres : le film criminel le plus noir (l’action débute à Chicago en pleine Prohibition, et nos héros sont mêlés au massacre de la Saint-Valentin) dérape vers la comédie la plus délirante. Les courses poursuites qui parsèment le récit sont un hommage au « slapstick » et aux comédies de Mack Sennett. Le film propose un cocktail de virtuosité et de trivialité, et l’humour irrésistible du couple formé par Jack Lemmon et Tony Curtis est contrebalancé par les à-côtés sordides de l’histoire. Des personnages plutôt sympathiques sont animés de sentiments et de motivations vulgaires comme la cupidité, le mensonge ou la convoitise. On retrouve dans Certains l’aiment chaud, comédie hollywoodienne atypique, l’influence de la peinture vériste allemande des années 20 (Otto Dix par exemple), qui représentait le grotesque, le burlesque et le pittoresque de la nature humaine, et dont Wilder est un héritier cinématographique direct.

Tony Curtis et Jack Lemmon dans Certains l’aiment chaud de Billy Wilder
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