ARTE diffuse Edward aux mains d’argent (Edward Scissorhands, 1990) lundi 9 juillet à 20h55.
L’intérêt du cinéma de Burton, hormis talent pour l’invention d’univers gothiques et de bestiaires fantastiques, réside dans cette sensibilité juvénile et rebelle, cette phobie du conformisme et de la « normalité » qui en ont fait le cinéaste élu des adolescents du monde entier, le poète des « freaks », marginaux, parias. Un des plus beaux films de Burton, Edward aux mains d’argent, organise ainsi la rencontre fortuite du cinéma de Nicholas Ray et de Jean Cocteau. Le personnage d’Edward, créature inachevée et orpheline, se situe entre la figure du rebelle malgré lui (Johnny Depp en néo James Dean) et de l’innocent aux ailes coupées blessé par la dureté du monde. Le thème coctaldien de l’angélisme traverse l’œuvre de Burton, au même titre que ceux de la fuite vers le rêve, de la défiance envers toute forme d’organisation sociale, et de la filiation problématique. Burton est un ciné fils, qui s’est choisi des maîtres hors normes, petits papes de la contre-culture et de la série B (Mario Bava, Roger Corman, Russ Meyer, Nathan Juran, Terence Fisher, etc.). Il s’était aussi trouvé un père de substitution, l’acteur Vincent Price auquel il dédia un superbe court métrage d’animation (Vincent) et offrit le dernier rôle, ô combien symbolique, du savant qui crée Edward avant de mourir dès la fin du générique. Vincent Price était un prince du film d’horreur, un acteur excentrique, cultivé et délicieux, dont la diction onctueuse et la silhouette inquiétante ont traversé l’histoire du cinéma américain, de Mankiewicz et Preminger aux films d’exploitation des années 70. Avec Edward aux mains d’argent, Tim Burton permet à Vincent Price de quitter en beauté les plateaux de Hollywood, en même temps qu’il propulse Johnny Depp vers le statut d’icône du cinéma contemporain, figure masculine à la fois déviante et romantique.

Johnny Depp et Vincent Price dans Edward aux mains d’argent de Tim Burton
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