ARTE diffuse dimanche 27 mai à 20h50 Johnny Guitare (Johnny Guitar), réalisé en 1954 par Nicholas Ray, avec Joan Crawford et Sterling Hayden dans le rôle-titre.
Certains films acquièrent au fil du temps un statut mythique. C’est le cas de Johnny Guitare qui fait exploser les conventions du western. Le chef-d’œuvre de Nicholas Ray est une histoire d’amour fou qui baigne dans une atmosphère baroque et poétique, avec de sentiments et des personnages plus grands que nature.
Johnny Guitare est un bel exemple de western féministe, dans lequel deux femmes de tête dirigent les hommes et conduisent le récit au gré de leurs ambitions ou de leurs désirs, même si finalement elles sont débordées par la violence incontrôlables de leurs pulsions et leurs sentiments. Le film fut écrit en pensant à Joan Crawford, star hollywoodienne réputée pour ses accès de jalousie et de violence. Elle interprète l’indépendante Vienna, la tenancière d’un saloon, en butte à l’hostilité de la ville et à la haine d’une rivale. Le tournage compte parmi les plus infernaux du cinéma hollywoodien, empoisonné par l’alcoolisme et la mauvaise humeur générale. Les confrontations hystériques entre les personnages interprétés par Joan Crawford et Mercedes McCambridge laissent suinter une détestation non feinte entre les deux actrices. Mercedes McCambridge dans le rôle de Emma Small franchit toutes les limites du surjeu et délivre une performance hallucinée, qui parvient à éclipser la composition déjà très expressionniste de Crawford.
Johnny Guitare est aussi un film politique qui fustige l’hypocrisie et le puritanisme d’une société paranoïaque. Le film devient une parabole sur la chasse aux sorcières, avec des allusions au maccarthysme qui sévissait à l’époque aux Etats-Unis. Les scènes d’interrogatoire et de lynchage renvoient aux méthodes de la commission des activités antiaméricaines.
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