Dans le cadre de sa programmation cannoise, ARTE diffuse lundi 21 mai à 20h55 Inside LLewyn Davis écrit et réalisé par Joel et Ethan Coen en 2013, Grand Prix du Festival de Cannes la même année.
C’est un film admirable, beaucoup moins vociférant, tapageur et ironique que les succès antérieurs des Frères Coen. Les cinéastes parviennent à nous surprendre et nous émouvoir avec cette comédie sur le thème de l’échec. LLewyn Davis est un jeune chanteur-guitariste sans le sou qui tente désespérément de vivre de ses talents musicaux. Les Coen montrent que le talent n’est qu’un ingrédient de la recette de la réussite de la carrière d’un artiste. Victime de ses mauvaises décisions et de la malchance, Llewyn Davis est l’archétype des antihéros qui peuplent le cinéma des frères Coen, maladroits et en butte à l’hostilité du monde. Pas forcément sympathique, esclave de ses humeurs et de ses faiblesses, Llewyn Davis est incapable de trouver sa place dans la société. Les marges de la communauté artistique aussi bien que les milieux traditionnels du travail et de la famille le rejettent comme un élément inutile, désagréable.
Inside LLewyn Davis restitue l’atmosphère de Greenwich Village dans le New York du début des années 60. Les cinéastes nous font découvrir l’émergence dans les clubs de la musique folk, qui puise ses racines dans les traditions populaires américaines. Les nombreuses chansons qui rythment le récit sont des standards de l’époque interprétés par les comédiens du film. Les passages musicaux, dans lesquels la durée des morceaux est respectée par le montage, confèrent une authenticité et une intégrité précieuses à ce film des frères Coen, devenus avec le temps les gardiens d’une certaine culture américaine, plus orale et musicale que cinématographique.
L’acteur guatémaltèque Isaac Davis, repéré pour la première fois dans Drive et capable de prouesses transformistes, prête son regard triste à LLewyn Davis, représentant d’une humanité dévastée. Il partage la vedette avec un chat roux prénommé Ulysse, en référence à Homère. En effet, l’animal est particulièrement fugueur mais il finit toujours par rentrer à la maison. Tout le contraire de Llewyn Davis destiné à demeurer une âme errante, sans foyer ni amis.
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