ARTE diffuse dimanche 4 février à 20h55 Le Silencieux (1973) de Claude Pinoteau, en version restaurée, dans le cadre d’une soirée consacrée à Lino Ventura. Le premier long métrage réalisé par cet ancien assistant de Jean-Pierre Melville, Henri Verneuil ou Claude Lelouch nous plonge en pleine Guerre froide : enlevé par le KGB seize ans auparavant, un savant français est contraint par les services secrets britanniques de dénoncer des espions travaillant pour le bloc communiste lors d’un voyage à Londres. C’est le début d’une chasse à l’homme à travers l’Europe.
Lino Ventura est parfait dans le rôle d’un homme solitaire et traqué. Il apporte son intensité bourrue à ce fugitif obligé d’être en perpétuel mouvement pour échapper aux tueurs lancés à ses trousses. Le Silencieux porte bien son titre puisque Lino Ventura, toujours en action, n’a pas vraiment le temps d’y faire des grands discours. Le rôle semble taillé sur mesure pour l’acteur, jamais aussi bon que lorsqu’il peut laisser jaillir une émotion par un simple regard ou un mouvement du visage.
Le Silencieux est un modèle de film d’espionnage à la française. Claude Pinoteau y démontre une solide connaissance de son métier. Le réalisateur et son scénariste Jean-Loup Dabadie se permettent des clins d’œil à John Le Carré et Alfred Hitchcock, et nous offrent plusieurs belles séquences d’action et de suspens. Pinoteau s’illustrera par la suite dans des films plus légers, sur le registre de la comédie de mœurs d’inspiration sociologique. Mais il renouera à deux reprises avec le thriller, toujours avec Lino Ventura en vedette. L’Homme en colère (1979) tourné au Canada sur un scénario de Jean-Claude Carrière, avec Angie Dickinson ; La Septième Cible (1984) dernier grand rôle de Ventura, scénario de Dabadie avec des dialogues et des situations qui confinent au surréalisme involontaire, mais qui n’est pas dénué d’un certain charme bis – péripéties incessantes, machination d’envergure internationale, génie du mal œuvrant dans l’ombre…
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