ARTE diffuse La Vie de château (1965) lundi 8 janvier à 22h55. Le premier long métrage de Jean-Paul Rappeneau, écrit avec la complicité de Alain Cavalier et Claude Sautet (et le dialoguiste Daniel Boulanger), fut récompensé du Prix Louis-Delluc. Jeune cinéaste apparu juste après le lancement de la Nouvelle Vague, Rappeneau démontre dès ses débuts un talent original pour la comédie sophistiquée et spirituelle, nourri de ses goûts de cinéphile admiratif des maîtres hollywoodiens du genre, Hawks et Lubitsch en tête. L’action de La Vie de château de déroule en Normandie en 1944, à la veille du débarquement allié. Cette information temporelle est retardée dans le film, qui présente un petit monde coupé de la réalité, une véritable bulle campagnarde dans laquelle s’ennuie à mourir la belle Marie (Catherine Deneuve), mariée au placide châtelain Jérôme (Philippe Noiret). L’arrivée d’un résistant parachuté dans la région (Henri Garcin), puis d’un commandant allemand qui va occuper le château avec ses soldats, sortira définitivement le couple, emporté par les torrents de l’Histoire et du désordre amoureux, du ronron quotidien. La Vie de château est un marivaudage mené à cent à l’heure dans laquelle Rappeneau, obsédé par le rythme, accélère le tempo et l’élocution de ses acteurs. Il est aidé dans son projet par l’énergie et la beauté de Catherine Deneuve, ébouriffante de vivacité. Dès son sublime générique – un montage de différentes parties du visage de l’actrice, filmé par Walerian Borowczyk, alors auteur de courts métrage d’animation d’inspiration surréaliste – La Vie de Château est un écrin pour Catherine Deneuve, à l’orée de sa brillante carrière. Elle se révèle géniale dans le registre de la comédie, un genre qu’elle aborde ici pour la première fois en vedette, avec son débit de mitraillette et son élégance naturelle. Par son traitement humoristique de l’occupation allemande, et des thèmes de l’héroïsme et de la résistance, La Vie de château anticipe de quelques années, avec une approche très différente, un film comme La Grande Vadrouille. La réussite de La Vie de château doit beaucoup à ses interprètes, mais aussi à la magnifique photographie noir et blanc de Pierre Lhomme et à la musique jazzy de Michel Legrand. L’association de tous ces talents devant et derrière la caméra donne naissance à un divertissement au charme irrésistible.
La Vie de château de Jean-Paul Rappeneau
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