Olivier Père

Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville

ARTE célèbre le centenaire de la naissance de Jean-Pierre Melville (1917-1973) avec la diffusion de trois de ses films : Léon Morin, prêtre, Le Deuxième Souffle et Le Cercle Rouge, tous en version restaurée. Le Cercle rouge ouvre le bal dimanche 26 novembre à 20h55.

Réalisé en 1970 Le Cercle rouge est un film somme dans l’œuvre de Jean-Pierre Melville, et son avant-dernier titre avant le sépulcral Un flic en 1970. Le cinéaste y pousse à l’extrême son goût pour l’abstraction et le fétichisme. Il y rassemble aussi ses thèmes de prédilection, la solitude, le destin, la mort. Melville chorégraphie les déplacements de plusieurs hommes, des deux côtés de la loi, réunis par le hasard. Les différentes sous-intrigues, qui s’articulent autour de la préparation minutieuse d’un casse et la traque d’un gangster par un policier opiniâtre ne sont qu’un prétexte pour visiter les motifs du western et du film noir américains, transposés en France, dilater chaque séquence et mettre en scène des figures viriles, fantomatiques et ambigües. Melville ne se contente pas d’illustrer ses obsessions de spectateur. Il invente sa propre mythologie. Melville ne filme pas la réalité mais des idées, des rêves glacés, des fantasmes blêmes, avec un souci maniaque du détail et du geste inoubliable. Dans Le Cercle rouge, Melville en fait collection, et les offre à ses acteurs pour donner vie à leurs personnages. Alain Delon jette une liasse de billets trempée du sang de l’homme de main qu’il vient de tuer ; Gian Maria Volonté caresse furtivement le sein d’une statue lors du casse, Yves Montand soulève son masque pour humer l’arôme d’une flasque de whisky, Bourvil se défait compulsivement des bagues qu’il a mise à ses doigts pour endosser le rôle d’un truand homosexuel. Ces images, et beaucoup d’autres, gravent dans Le Cercle rouge la conception du cinéma selon Melville : comportementaliste, tranchante, marquée par le refus de la psychologie et pourtant riche en annotations à la fois signifiantes et poétiques.

Studiocanal vient d’éditer un très beau coffret qui regroupe en blu-ray, avec de nombreux suppléments et un album illustré, l’œuvre complète de Jean-Pierre Melville, à l’exception notable de L’Aîné des Ferchaux d’après Simenon (pas son meilleur film) et Le Deuxième Souffle. Une anthologie qui permet de revoir dans des conditions optimales les chefs-d’œuvre et d’autres titres moins connus du cinéaste français.

 

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